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Syrie : l’Etat islamique contrôle la quasi-totalité de Palmyre

La ville qui abrite une cité antique classée au patrimoine mondial de l'Unesco est presque totalement tombée aux mains des jihadistes.
Le site antique de Palmyre, le 18 mai 2015, au lendemain de sa prise par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) (Photo -. AFP)
par AFP
publié le 20 mai 2015 à 13h31
(mis à jour le 20 mai 2015 à 20h47)

«L'EI contrôle la quasi-totalité de Palmyre» La quasi-totalité puisque le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, a précisé que les jihadistes n'étaient pas entrés dans la prison (est) ni au siège des services de renseignement militaires (ouest) où se trouvent un grand nombre de soldats.

Le symbole est fort. Palmyre représente un énorme bénéfice en termes de propagande et de recrutement. Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, l'ancienne cité de la reine Zénobie est l'un des trésors de l'ère romaine au Moyen-Orient. Elle renferme des centaines de colonnes, de temples et une nécropole de 500 tombes et monuments funéraires. «Je suis vivement préoccupée par la situation du site de Palmyre. Les combats menacent l'un des sites les plus significatifs du Moyen-Orient et la population civile», a pour déclaré mecredi la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova.

Les jihadistes n’ont en effet eu de cesse de détruire et de piller les ruines pré-islamiques de sites archéologiques irakiens, à Hatra, Nimrod et Mossoul.

La cité de Palmyre revêt aussi une importance stratégique pour l’EI puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province d’Al-Anbar en Irak, qu’il contrôle déjà en grande partie.

C’est d’ailleurs le chef-lieu d’Al-Anbar, Ramadi, que l’EI a pris dimanche, infligeant un important revers à Bagdad et à son allié américain, qui soutient la lutte contre les jihadistes. ais les jihadistes de l’Etat islamique (EI) viennent de lancer deux nouveaux assauts.

Ce sont les milices chiites soutenues par l’Iran qui devront prendre la tête de la contre-offensive pour reprendre Ramadi (100 km à l’ouest de Bagdad), après l’appel à l’aide lancé par le gouvernement de Haider al-Abadi. Les milices chiites étaient jusque-là tenues à l’écart d’Al-Anbar pour éviter de s’aliéner la population majoritairement sunnite de la province en grande partie contrôlée par l’EI.

Les Etats-Unis ont admis que les milices chiites avaient désormais «un rôle à jouer tant qu'elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien».

Washington réexamine sa stratégie 

La chute de Ramadi, qui représente une «situation extrêmement grave», a poussé les Etats-Unis a «réexaminer» leur stratégie en Irak, a admis mercredi un haut responsable américain, promettant que Washington «aiderait» Bagdad à reprendre la ville «dès que possible». Ce cadre du département d'Etat a par ailleurs annoncé que son gouvernement allait fournir «très bientôt» aux forces armées irakiennes «un millier» de systèmes de missiles antichars.

Les Etats-Unis veulent également accélérer la formation des tribus sunnites locales pour qu'elles aident à reprendre ce chef-lieu de la plus vaste province d'Irak d'où ont fui quelque 40 000 habitants ces derniers jours. «Nous étudions comment soutenir le mieux possible les forces au sol à Al-Anbar, en particulier en accélérant la formation et l'équipement des tribus locales et en soutenant l'opération pour reprendre Ramadi», a dit le Conseil de sécurité nationale.

La prise de Ramadi est la victoire la plus significative de l’EI depuis qu’il a conquis de vastes régions en Irak à la faveur de son offensive lancée en juin 2014, qui a entraîné une campagne aérienne internationale dirigée par les Etats-Unis pour aider l’armée à reprendre du terrain.

En visite à Bagdad, le ministre iranien de la Défense, Hossein Dehgan, a affirmé que «soutenir l'Irak face aux crises sécuritaires fait partie de la politique immuable de l'Iran».

Bagdad veut aussi l’aide de la Russie face aux jihadistes. Le Premier ministre s’est rendu à Moscou mercredi pour discuter de cette question avec le président Vladimir Poutine, selon le bureau de M. Abadi. Une conquête totale d’Al-Anbar permettrait à l’EI de renforcer sa présence aux confins de la région de Bagdad, de la Syrie, de l’Arabie saoudite et de la Jordanie.