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Libération
Décryptage

Palmyre : ce que pourrait perdre l'humanité

Tombée jeudi aux mains des jihadistes de l'Etat islamique, la cité antique syrienne regorge de trésors aujourd'hui menacés.
Les tétrapyles, monuments à quatre colonnes, sont particulièrement fragiles. ((Photo REUTERS))
publié le 21 mai 2015 à 13h02

L'inquiétude s'intensifie dans les couloirs de l'Unesco. Sa directrice générale, Irina Bokova, a appelé mercredi, dans un communiqué, à «une cessation immédiate des hostilités à Palmyre». La prise de la ville, située à 210 kilomètres au nord-est de la capitale Damas, par les jihadistes de l'Etat islamique, menace la cité antique classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

«Les combattants de l'EI sont dans toutes les parties de Tadmor (nom arabe de Palmyre), y compris près du site archéologique» qui se situe dans le sud-ouest de la ville, a affirmé à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).  Au-delà de sa situation géographique stratégique, la ville est considérée comme un trésor architectural, culturel et patrimonial.

Une richesse historique…

Palmyre est l'un des plus importants foyers culturels du monde antique. La ville, dès le Ier siècle, s'est érigée en trait d'union entre la culture gréco-romaine, aux traditions locales, et les influences de la Perse. Cette oasis caravanière établie lorsqu'elle entra sous contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle fut rattachée à la province romaine de Syrie. Elle devint peu à peu une cité prospère profitant de la proximité de la route commerçante , la «route de la soie», reliant la Perse, l'Inde et la Chine à l'Empire romain.

… et architecturale

Cette histoire unique a donné naissance à des monuments remarquables. Parmi les plus impressionnants et les mieux conservés se trouve la grande colonnade située aux portes de la cité antique.

La colonnade à l’entrée du site mesure près de 1 300 mètres. (Photo Khaled Al Hariri. Reuters)

Le temple de Bel

Le temple de Bel ou de Ba'al a longtemps été décrit comme «le plus important édifice religieux du premier siècle de notre ère au Moyen-Orient». (Photo Joseph Eid. AFP)

Les tétrapyles

Les tétrapyles, monuments à quatre colonnes, sont particulièrement fragiles. (Photo Reuters)

Le théâtre

(Photo Joseph Eid. AFP)

La «Vallée des morts»

Les sculptures funéraires associent les formes de l’art gréco-romain à des influences perses.

Les bustes des défunts sculptés en haut-relief scellaient l’ouverture des compartiments où reposaient les morts.(Photo Khaled Al Hariri. Reuters)

Les monuments funéraires constituent «la vallée des morts». (Photo Reuters)

Quels sont les dégâts ?

Depuis le début du conflit syrien en 2011, l'Unesco a rédigé plusieurs documents faisant état de la conservation des monuments de Palmyre. Et le bilan est d'ores et déjà alarmant. «Les colonnes de la zone du hammam et de la petite arche au nord-est de l'Arc de triomphe ont été endommagées en raison d'affrontements armés», détaille l'organisation.

«Trois des cinq statues anciennes ont été volées à l'hôtel Zanoubia et 22 bustes funéraires, une tête d'enfant en pierre dans le tombeau d'Artaban, 15 portraits sculptés dans le tombeau de Taibul ont été volés et 25 sculptures funéraires dans les tombeaux de Bolha ont été pillées», poursuit le rapport.

La directrice Irina Bokova appelle désormais la communauté internationale à s'organiser et à agir. Ce jeudi matin, espérant un sursaut, elle déclarait que «toute destruction à Palmyre serait une énorme perte pour l'humanité».