Menu
Libération

L’Union européenne manque de largesse

Les Vingt-Huit ont signé un prudent «accord d’association» avec l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie.
Les drapeaux des 28, devant le Parlement européen de Strasbourg. (Photo Vincent Kessler. Reuters)
publié le 22 mai 2015 à 20h06

C'est une porte entrouverte sur l'Union européenne pour trois ex-républiques soviétiques - l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie - qui ont signé vendredi, à l'occasion du sommet de l'UE à Riga, en Lettonie, un accord d'association avec les Vingt-Huit. Ces pays ont des portions de territoires occupées par Moscou, voire sont engagés dans «une guerre réelle», comme l'Ukraine, selon les mots de son Président, Petro Porochenko. Pour eux, l'espoir d'intégrer l'UE est la seule garantie de sécurité.

Ils ont le soutien des ex-pays du bloc socialiste, comme la Lettonie, puissance invitante qui préside ce semestre l’UE, la Pologne ou la Roumanie. Mais les dirigeants de la «vieille Europe», à commencer par Angela Merkel et François Hollande, craignent d’irriter Moscou, hostile à toute intrusion dans son «étranger proche».

«Cap». «Le partenariat oriental n'est pas un instrument d'élargissement de l'Union européenne mais de rapprochement avec l'Union européenne, a insisté la chancelière allemande. Nous ne devons pas éveiller de fausses attentes auxquelles nous ne serons pas en mesure de répondre plus tard.» Le Kremlin avait, il y a un an et demi, fait pression sur le président ukrainien prorusse d'alors, Viktor Ianoukovitch, pour qu'il renonce à signer un tel accord. Cela avait déclenché la révolte de sa population et son renversement.

«Ce projet n'est dirigé contre personne, notamment pas contre la Russie», a insisté la chancelière, tout en rappelant qu'un retour de cet Etat au sein du G8, le club des huit des pays les plus industrialisés de la planète, n'était «pas imaginable» pour l'instant, en raison de son soutien aux séparatistes dans l'Est ukrainien. «L'Union maintiendra le cap [du partenariat avec l'Est, ndlr] malgré les intimidations, l'agression», a renchéri le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, soucieux de tendre la main à des voisins inquiets face aux affirmations de puissance de Vladimir Poutine. Il les a toutefois invités à se montrer patients. «Il faut avancer étape par étape» et poursuivre sur la voie des réformes, en échange de liens économiques plus étroits avec l'UE, a-t-il averti.

Visas. Face à l'intransigeance de Paris et de Berlin - «exactement sur la même position», selon Manuel Valls - sur la question d'adhésions futures, des voix se sont toutefois fait entendre à Riga pour réclamer des «perspectives européennes» claires pour les nations de l'ex-URSS. «L'Ukraine a souligné que sa voie, c'est celle de l'Europe. Si un pays souverain décide cela, cela devrait être possible», a déclaré le Premier ministre estonien.

A plus court terme, la Géorgie et l’Ukraine réclament la libéralisation du régime de visas déjà accordée à la Moldavie, dont certains pays craignent qu’elle ne débouche sur un afflux massif de travailleurs de l’Est.