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Analyse

Asile : qui sont les bons et mauvais élèves de l'UE ?

La Commission européenne a présenté mercredi son mécanisme de répartition solidaire des demandeurs d'asile syriens et érythréens arrivés en Italie et en Grèce. Objectif : soulager ces deux pays.
Des migrants attendent de débarquer d'un bateau de sauvetage dans le port de Trapani (Italie), le 17 avril. (Photo Reuters. Stringer)
publié le 27 mai 2015 à 19h03

C'est un début timide, mais un début quand même. La Commission européenne a demandé mercredi à 23 pays membres de l'Union de prendre en charge sous deux ans 40 000 candidats à l'asile syriens et érythréens arrivés en Grèce et en Italie après le 15 avril 2015. Objectif : soulager ces deux pays, où débarque la majorité des migrants traversant la Méditerranée. L'Italie sera déchargée de 24 000 personnes, la Grèce de 16 000. «Nous voulons assurer un minimum de solidarité» au sein de l'UE, a souligné le commissaire à l'Immigration, Dimítris Avramópoulos.

Il ne s'agit pas de «quotas», terme qu'avait instrumentalisé Manuel Valls il y a dix jours. La Commission européenne parle de mécanisme de «relocalisation», de «répartition équitable», via un dispositif d'urgence prévu par le traité de Lisbonne dans son article 78.3. C'est la première fois qu'il est utilisé. Il n'est pas question d'imposer des réfugiés aux pays membres, mais plutôt de les contraindre à examiner un certain nombre de dossiers de demande d'asile. «Chaque Etat reste libre d'accorder ou non cette protection», a insisté Avramópoulos.

La répartition concernera des Syriens et Erythréens «ayant un clair besoin de protection internationale», rappelle toutefois la Commission. Elle semble donc bien espérer, en creux, que chaque pays donne une suite positive aux dossiers retenus. Il faut d'ailleurs signaler que le taux de protection actuel des demandeurs originaires de Syrie et d'Erythrée est assez élevé dans l'UE. En 2014, 66 260 Syriens ont été mis à l'abri et 14 170 Erythréens, soit les deux premières nationalités protégées.

Comment s'effectuera le «tri» des migrants en Italie et en Grèce ? Qui s'en chargera ? Autant de questions qui restent à trancher. En contrepartie de leurs efforts, la Commission propose de verser aux Etats membres 6 000 euros pour chaque personne «relocalisée».

Cette esquisse de politique commune, qui doit encore être approuvée par les 23 pays concernés, plutôt réticents, aura des implications concrètes. Bruxelles a en effet mis au point une «clé de répartition» prenant en compte la population, le PIB des Etats, leur taux de chômage et le nombre de demandeurs d’asile déjà accueillis. La France, par exemple, devra examiner 16,88% des 40 000 dossiers retenus, soit 6 752 personnes. Un nombre qui s’ajoutera aux demandeurs d’asile «classiques», qui étaient 62 735 l’an passé dans l’Hexagone, selon Eurostat.

Cette clé permet d’esquisser un tableau des bons et mauvais élèves de l’Union Européenne. En 2014, l’Allemagne a reçu 202 645 dossiers de demandeurs d’asile sur un total de 626 000 dans l’UE, soit 32,4%. La répartition de la Commission lui fixe une clé de 21,91%. La comparaison est certes incomplète, dans la mesure où le plan présenté ce mercredi ne se concentre que sur les Syriens et Erythréens, mais elle permet de se faire une idée des efforts fournis par chacun. C’est l’objet du graphique ci-dessous.

La répartition des demandeurs d'asile en Europe