Barack Obama, David Cameron et François Hollande avaient promis de châtier Bachar al-Assad s'il franchissait «la ligne rouge» avec l'arme chimique. L'Américain et le Britannique s'étant parjurés sous divers prétextes, ils connaissent depuis un certain discrédit au sein des monarchies arabes du Golfe, en premier lieu l'Arabie Saoudite. Placé devant le fait accompli de la défection sans gloire de ses deux alliés, François Hollande, qui avait clairement fait savoir qu'«un coup d'arrêt» se devait d'être porté «à un régime qui commet l'irréparable contre sa population», n'a pas démérité à leurs yeux. Au contraire, sa position ferme contre Damas lui a valu une montée de sa popularité dans le Golfe, en particulier à Riyad. Etrange situation que celle d'un président de gauche acclamé par une monarchie islamiste, qui n'autorise ni la liberté de culte ni celle d'expression et qui traite comme quasiment des esclaves ses millions de travailleurs immigrés.
Fermeté. Dès l'été 2012, le président français, qui avait déjà «encouragé» le Conseil national syrien, alors la principale coalition rebelle, «à organiser un large rassemblement de toutes les forces de l'opposition syrienne», avait annoncé que Paris reconnaîtrait un gouvernement provisoire dès sa formation «comme représentant légitime de la nouvelle Syrie». Depuis, la position française est de loin restée la plus ferme, excluant toute négociation avec le régime alaouite. D'où une certaine solitude de Paris, notamment à l'heure où les Etats-Unis envoient un message brouillé quant à leurs relations avec Damas.
La fermeté de Paris, on la retrouve aussi sur le nucléaire iranien où les négociateurs français ont contrarié un Obama pressé d’obtenir un accord intermédiaire avec Téhéran. D’où cette impression, perceptible au Proche-Orient et renforcée par le soutien français à Riyad dans la crise yéménite, que la France s’est résolument rangée dans le camp sunnite.
Ce qui tranche avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy, c’est le retrait du Qatar et de son émir, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani (il a abdiqué en 2013) comme pierre angulaire de la diplomatie française dans la région. Doha semblait à l’époque inspirer la politique menée par Paris. Quand l’émir était en bons termes avec Bachar al-Assad, on voyait celui-ci à la tribune du 14 Juillet à Paris et un certain Michel Samaha (un ancien ministre libanais aujourd’hui en prison à Beyrouth après avoir été pris en flagrant délit de terrorisme au profit des services secrets syriens) hanter les bureaux de Claude Guéant.
Poids lourd. Quand cheikh Hamad s'est fâché avec le chef de l'Etat syrien, la France a fait de même. François Hollande a aujourd'hui recentré la politique française au Moyen-Orient sur l'Arabie Saoudite, qui est davantage un poids lourd diplomatique, économique et militaire que le petit Qatar. Mais il lui reste à montrer que la France a une politique dans la région autre que celle d'un marchand d'armes.