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Libération
EDITORIAL

Constant

publié le 29 mai 2015 à 20h26

Qu'est-ce qu'une politique étrangère de gauche ? S'il s'agit d'une politique centrée sur le respect des droits de l'homme, intransigeante sur les ventes d'armes aux dictatures et axée sur l'aide aux pays en développement, François Hollande ne mène pas une politique étrangère de gauche. Mais une telle diplomatie est-elle possible dans un monde où les alliances se font et se défont à la vitesse d'un tweet, et où la multiplication des conflits exige de savoir négocier avec ses propres états d'âme ? L'exemple de la ministre suédoise (lire ci-contre) montre que oui. Elle finira peut-être par se heurter au mur des réalités mais au moins, elle essaie. Hollande, lui, n'a jamais fait semblant. Il mène une politique d'opportunités. Profitant de chaque occasion où la France peut jouer sa carte et regagner son rang (les accords de «Minsk 2» sur l'Ukraine, la visite à Cuba…). Idem pour les ventes d'armes. Il y a des Rafale à vendre et donc des emplois à créer ou maintenir ? Il y va, et peu importe la nature du régime acheteur. Car le chef de l'Etat, si difficile à saisir sur la scène intérieure, peut se révéler constant à l'international. Dans la lutte contre le jihadisme, il l'a montré, avec l'opération militaire au Mali et sa volonté - douchée par Obama - d'intervenir par les armes en Syrie, avant que l'Etat islamique ne s'empare de la moitié du territoire.

Et il continue, en profitant de la fâcherie entre les Etats-Unis et les sunnites pour se rapprocher de ceux-ci. Un choix critiquable, peut-être, mais qui a le mérite d’être clair et assumé. Il ne manque au fond à Hollande que quelques marqueurs… de gauche. Une visite à un dissident cubain, un geste en faveur des Palestiniens, une parole forte sur le drame des migrants.