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grand angle

Johannesburg Etranger dans sa ville

Jeppestown, quartier pauvre et déserté par les investisseurs, a vu naître en son cœur Maboneng, un îlot privilégié qui abrite artistes et hipsters. Catalyseur de frustrations, ce «nouveau Brooklyn» alimente le sentiment d’exclusion d’une population délaissée, où l’immigré africain est celui qu’il faut chasser.
A l'entrée du quartier de Maboneng. (Photo Rebecca Crook.)
publié le 29 mai 2015 à 18h36

A l'aube du 24 mars, les habitants de Lalanathi ont reçu une lettre. Quelqu'un l'avait glissée sous la porte du hall d'entrée pendant la nuit. Il a fallu trouver un résident sachant lire l'anglais, chose rare dans les couloirs miteux de cette ancienne usine reconvertie en squat géant. Ici, ne vivent que des migrants du Kwazulu-Natal, province de la communauté zouloue, dans le sud du pays. Sur l'en-tête, il était écrit en grosses lettres : «Ordre d'éviction immédiat». Un peu plus bas, une date : «Vous avez jusqu'au 14 avril pour quitter les lieux.» Puis une signature : Sherburg Investments. Un nom totalement inconnu pour les 500 «locataires» qui y vivent. Ils n'en avaient jamais entendu parler. Comme souvent dans les rues du centre-ville de Johannesburg, le propriétaire de cette ancienne usine de meubles s'était volatilisé depuis bien longtemps.

A la fin des années 90, alors que l’Afrique du Sud s’ouvre à la démocratie et abandonne les lois de ségrégation raciale, on arrive de tout le pays et de tout le continent pour tenter sa chance dans la ville de l’or. Les hauts gratte-ciel du Central Business District (CBD), réservés aux seuls Blancs pendant les décennies du régime d’apartheid, se vident de leurs habitants. Ceux qui ont l’argent. Les usines ferment. Les sièges des banques, les hôtels de luxe, les bureaux, la poste, les restaurants, les appartements de standing se transforment peu à peu en taudis invendables. Les investisseurs abandonnent leurs immeubles et partent reconstruire un centre financier et commercial à 30 kilomètres de là, à Sandton. La distance et le manque de transports en commun maintiendront une barrière naturelle entre riches et pauvres. Entre les Noirs et les Blancs.

«Moi, je ne suis pas Noir dans ma tête»

Les nouveaux migrants s’installent alors dans les immeubles vides, raccordent l’électricité illégalement. Des centaines de familles, des milliers d’immigrés et tous les exclus de la «nation arc-en-ciel» s’entassent dans les anciens hôtels de luxe. On érige des murs en carton dans les vieilles usines pour partager les grands hangars en mini-appartements. Les bâtiments sont hijackés comme on volerait une voiture à un feu rouge. Des mafias se déclarent nouveaux propriétaires des immeubles et obligent les squatteurs à leur verser un loyer mensuel.

Lalanathi est l'un de ces bâtiments. Situé dans l'extrême est du CBD, dans l'ex-zone industrielle de Jeppestown, aussi appelée «Jeppe», l'ancien atelier de meubles appartenait à l'entreprise Burger and Son. Personne ne s'en souvient, mais une vieille pancarte rouillée, scellée au-dessus de l'entrée, rappelle l'ancien temps. A leur arrivée, les squatteurs ont rebaptisé l'endroit «Lalanathi». Cela signifie «dors avec nous» en langue zouloue. Depuis, 180 familles ont échoué dans cette ancienne usine, transformée en un immense labyrinthe de chambres construites en contre-plaqué. James, 26 ans, est assis sur son lit au milieu d'une pièce minuscule. Il travaille ses textes. Le jeune homme est arrivé deux ans plus tôt d'un petit village du Kwazulu-Natal, pour réaliser son rêve : devenir la nouvelle star du rap sud-africain. Sono poussée à fond, il répète avec son cousin. Pour eux, Johannesburg, c'est «le New York de l'Afrique du Sud» : «La ville de tous les possibles. Une terre d'opportunités.» Son cousin a le corps couvert de tatouages. La plupart ont été dessinés quand il purgeait sa peine pour meurtre. Il avait 15 ans quand il a assassiné sept personnes à Durban. Une vulgaire querelle de gangs. Il y a perdu un doigt. Sur son avant-bras, il a écrit «Life», chaque lettre représentant des machines de guerre : un AK 47, une balle, une grenade et une arme automatique. «C'est pour dire qu'il y a toujours de l'espoir, jusqu'à la mort», explique-t-il très calmement.

Le quartier de Jeppestown est réputé pour son fort taux de criminalité, mais les deux cousins affirment en avoir fini «avec tout ça». James a une vie à construire et des envies plein la tête. «Les gens, ici, ils n'en ont plus.» S'il doit être expulsé de sa chambre remplie de cafards, James «s'en tape». «C'est pourri, de toute façon. Ma vie à moi, elle s'arrête pas à Lalanathi. Ma vie à moi, elle est de l'autre côté.»

«L'autre côté», c'est Maboneng. Un ensemble de rues rénovées, en plein milieu de Jeppestown, en plein cœur des vieilles usines désaffectées. Il y a six ans, les immeubles de Maboneng n'étaient pas très différents de Lalanathi. Mais Jonathan Liebmann, un jeune Sud-Africain riche et ambitieux a décidé lui aussi de réaliser son rêve : «Reconstruire un quartier de toutes pièces et faire revivre le centre-ville.» A 24 ans, Liebmann rachète des immeubles entiers pour quelques rands symboliques, déloge les squatteurs et réhabilite les bâtiments avant de les revendre au prix fort. Il fut le pionnier de la renaissance du CBD. Désormais, les rues de Maboneng ressemblent à Brooklyn, avec ses restaurants de burgers branchés, ses lofts immenses, son cinéma d'art et d'essai, ses galeries d'art et ses hipsters à barbe. «C'est comme une île de prospérité sur nos terres asséchées, raconte James. En fait, les pauvres, ils n'y vont pas. On s'y sent petit. A Maboneng, les Blancs et les Noirs riches te regardent comme si t'étais un moins que rien, tout ça parce qu'ils parlent mieux l'anglais. On se sent comme un insecte qu'ils peuvent écraser.» James déverse ses paroles comme s'il rappait. Marque une pause, puis reprend : «Enfin, les vieux, ils voient pas que l'Afrique du Sud est en train de changer, alors ils ont peur. Mais, moi, j'y vais des fois à Maboneng. Je suis peut-être noir de peau, mais je ne suis pas noir dans ma tête…»

Le quartier de Jeppestown est le symbole de cette nouvelle Afrique du Sud en pleine transformation. Une mutation qui s’opère plus vite dans l’architecture de la ville que dans les mentalités. Les tensions restent fortes. Les inégalités se font face. La colère monte et, parfois, elle explose. Mi-avril, date de l’éviction annoncée, les habitants de Lalanathi sont descendus dans la rue. Ils ont été rejoints par les centaines d’exclus de Jeppe, qui vivent eux aussi sous la menace d’être chassés de chez eux d’un jour ou à l’autre.

L’épicentre des violences se situe à un kilomètre seulement des jolies rues éclairées de lumière, dans l’ancien foyer de travailleurs zoulous, Jeppe Hostel.

«Ces mecs, ils sont dangereux»

Tout le monde à Johannesburg a peur de cette immense barre d'immeubles. Même James avec sa tête de tsotsi («gangster»). Même la police. Dans ce bidonville à étages et tout en béton - «le dernier vestige désolant de quarante années d'apartheid», comme l'appelle Michael Leonard, avocat de la communauté - vivent plus de 2 000 hommes célibataires. Pendant l'apartheid, ils travaillaient dans les mines d'or qui entourent Johannesburg. Le régime raciste en interdisait l'accès aux femmes mais assurait la maintenance des lieux : des dortoirs lugubres et surpeuplés avec de l'eau et de l'électricité. Aujourd'hui, la plupart des mines ont fermé, il n'y a plus d'eau, l'électricité est raccordée par des fils flottants. Il n'y a plus de travail non plus, mais les hommes sont restés.

«Ah non, vous ne pouvez pas rentrer, prévient un résident du Jeppe Hostel. Vous êtes blanche, ils vont penser que vous êtes Maboneng, ça peut être dangereux.» Cela fait deux ans que les habitants de l'«Hostel» cherchent Maboneng, «cet homme blanc qui fait semblant d'avoir un nom suthu [l'une des neuf langues indigènes du pays, ndlr], et qui rachète tout le quartier. Il doit être très riche, ce Maboneng, on sait bien qu'il est blanc.»

Maboneng signifie «la place de la lumière». Ce n'est évidemment pas une personne, mais à Jeppe Hostel, là où «on n'a jamais vu un professeur en chair et en os», c'est ce que l'on croit. La nouvelle gentrification est devenue un symbole : celui de leur exclusion d'une Afrique du Sud qui s'ouvre au monde, se mélange et s'enrichit.

Dans la nuit du 16 avril, une centaine d'habitants du quartier sont partis à l'assaut des rues huppées de Maboneng, armés de bâtons et de machettes, le visage recouvert de suie. Mais les compagnies de sécurité privées, employées par les nouveaux investisseurs pour assurer la tranquillité des lofts et des boutiques, ont barricadé les rues. «Tu déconnes pas avec ces mecs. Ils sont dangereux», raconte James. La police aussi est arrivée juste à temps. Alors, les révoltés se sont retournés contre plus faibles qu'eux : les immigrés africains du quartier. Jeppestown a pris feu. La communauté nigériane a été directement visée, leurs ateliers mis à sac, leurs voitures brûlées dans ce qui ressemblait à une véritable chasse aux sorcières. «Je veux que tous ces Nigérians partent ! Ils volent notre travail ! hurlait une vieille femme en zoulou, les yeux rougis par les fumées et par la nuit. Mes enfants n'ont rien dans ce pays, je leur ai donné naissance pour rien ?» La scène, filmée au téléphone portable, a fait le tour du monde et du continent. Quelques jours plus tard, Abuja rappelait son ambassadeur en poste en Afrique du Sud.

Un pays xénophobe

La vieille femme faisait partie de ceux qui ont saccagé le garage de Christian. Ce jeune immigré de Lagos est mécanicien, comme la grande majorité de la communauté nigériane à Jeppestown. Le soir du 16 avril, il est arrivé dès que les alarmes de son atelier se sont mises à hurler. «Mais la police m'a conseillé de ne pas intervenir. Ils auraient pu me tuer, raconte-t-il. Les flics sont restés là sans rien faire. Ils les ont regardés piller mon garage.» Le mécanicien a donc observé, du haut de la rue, sa vie entière partir en fumée. «Ils ont tout cassé, ils ont volé la machine d'alignements, les batteries, les pneus, ils ont fui avec les voitures de mes clients…» Le jeune mécanicien a évalué le prix des pertes à 300 000 rands, environ 25 000 euros. Christian n'avait aucune assurance. «Tu connais quelqu'un qui voudrait assurer des Nigérians à Jeppestown toi ? lâche-t-il, dans un triste sourire ironique. Les Zoulous, ils ont encore peur des Blancs, mais c'est contre eux qu'ils sont en colère. Ils s'en prennent uniquement à nous parce qu'on est pauvres et vulnérables.»

L'Afrique du Sud est un pays xénophobe. Les violences contre les immigrés africains y ont officiellement fait 12 morts en avril. Des centaines de boutiques, d'épiceries ou de garages appartenant aux Nigérians, aux immigrés du Malawi ou de Somalie ont été mis à sac à Johannesburg et dans la province du Kwazulu-Natal. «Moi, il m'a fallu quinze ans, quinze ans !, pour arriver là où j'en suis… s'indigne le frère de Christian. Ils croient quoi, ces Zoulous, que ça a été facile pour moi ?»

«Japan» aussi a un garage, juste en face des jolies rues de Maboneng. On le surnomme Japan depuis qu'il est tout petit, parce qu'il est allé en voyage au Japon quand il avait 10 ans. «Pour les copains de l'école, c'était quelque chose !» s'amuse-t-il. Japan a été chassé de son ancien atelier l'année dernière. Dans son expansion que rien ne semble arrêter, Propertuity, le fonds d'investissement de Maboneng, a racheté le bâtiment. Le mécanicien louait son garage pour l'équivalent de 650 euros. Japan a dû déménager à quelques rues de là et paye désormais plus de 1 000 euros par mois. Mais il ne garde aucune rancœur. «Ces gens travaillent dur pour rendre Johannesburg plus belle, tant mieux pour eux, philosophe-t-il. Il y aura toujours des riches et des pauvres, des premières classes et des troisièmes classes, c'est la vie. Quand je prends l'avion, moi aussi j'aimerais bien m'asseoir dans un siège en business… Mais je ne vais quand même pas tuer les gens qui y sont !»

Zoulous, Nigérians, Blancs, riches et pauvres vivent côte à côte à Jeppestown. Mais ils ne se parlent pas. Ils marchent de chaque côté des trottoirs. Ils se détestent. Et se font peur. «Il ne faut pas leur en vouloir…» Une marchande de crème glacée passe dans la rue en vélo et interrompt la conversation. Sur son porte-bagages, elle traîne une lourde glacière. Aline est de Kinshasa. «Vous avez été indépendants en quelle année, au Nigeria ? demande la jeune fille à Japan. En 1960, non ? Comme nous, au Congo. Tu te souviens les premières années, on pensait que tout allait changer, qu'on aurait du travail, que la vie serait plus simple… Il nous a fallu combien d'années, combien de guerres, pour réaliser que notre réussite, on ne la devait qu'à nous-mêmes ? Les Sud-Africains, ça ne fait que vingt ans qu'ils sont libres. Ils attendent encore que leur gouvernement les sorte de la misère…»

Aline était journaliste pour la radio en république démocratique du Congo. Son discours, posé et réfléchi, détonne avec son uniforme rouge de vendeuse de glaces. Elle a dû quitter son pays après avoir reçu plusieurs menaces de mort : elle avait publié une enquête dénonçant la corruption du gouvernement. Aujourd'hui, avec son statut de réfugiée politique, elle n'a, en théorie, pas le droit de travailler. «Mais il faut bien survivre», comme elle dit. Aline a appris le zoulou pour partir vendre ses glaces dans les rues dangereuses du CBD. Désormais, elle le parle comme une parfaite Sud-Africaine. C'est sa «protection», dit-elle. «Oui, j'ai peur. Chaque jour, quand je prends mon vélo, j'ai peur d'être violée ou d'être tuée parce que je suis étrangère. La xénophobie, ça donne juste une excuse aux criminels de nous faire du mal.»

Défendre les étrangers du continent

En 2008, une vague de violences contre les immigrés a fait plus de 60 morts à travers le pays. Certains d'entre eux ont été brûlés vifs. Talla Niang, originaire du Sénégal, décide alors de fonder l'association African Diaspora Forum avec un ami ivoirien pour défendre les étrangers du continent et faire connaître leurs cultures aux Sud-Africains. Il y a deux ans, il a ouvert un restaurant sénégalais à Maboneng. Une superbe salle de cinquante couverts, décorée avec de l'art d'Afrique de l'Ouest, où l'on sert du jus de bissap et du poulet Yassa. «Ce n'est pas seulement un restau, je veux en faire un centre culturel. Les Sud-Africains doivent comprendre qu'ils sont nos frères, qu'ils sont africains.» Début avril, le propriétaire d'un bar du quartier l'avait prévenu que les résidents de Lalanathi et de Jeppe Hostel allaient venir saccager la rue. «Tout ça était prémédité, regrette-t-il. Heureusement que la police est arrivée à temps. Mais qu'est-ce qu'il se passera dans le futur ? Ça, je ne sais pas.» Cette fois, ce sont les Nigérians qui ont été visés. Mais tout le monde sait bien que ce ne sont pas eux qui étaient responsables de cette colère.

Talla ne regrette pas d'avoir installé son restaurant à Maboneng. Mais il déplore le manque d'interaction avec le reste de la communauté. «On pourrait trouver un moyen d'offrir du travail aux gens des hostels, on pourrait les inviter pour faire des spectacles culturels zoulous… Mais, Propertuity n'entend pas la menace qui grandit. Ils se prennent pour les Einstein de l'immobilier.» Dans la rue, on prépare le shooting d'une superbe mannequin à la coupe afro pour la prochaine couverture du magazine Drum. Un homme passe, tirant une carriole de déchets métalliques. Les yeux rivés au sol.

«Réfléchir sur plusieurs générations»

«Les développeurs urbains sont des dinosaures. Ils ne comprennent pas que leur vision de l'urbanisme est déjà morte.» Le fondateur de Bjala ne souhaite pas révéler son nom dans la presse. Par modestie, peut-être. Par peur d'être confondu avec les investisseurs de Maboneng, sûrement. Il a racheté un vieil immeuble de Jeppestown, lui aussi, mais il se défend d'être «propriétaire» d'une concession. «Je veux être propriétaire d'un processus, d'une nouvelle expérience urbaine», dit-il. Avec sa société, il a rénové environ 800 appartements et les loue à un prix dérisoire comparé aux lofts de Maboneng. Beaucoup de familles chassées de leur immeuble par les promoteurs immobiliers louent des deux-pièces pour 200 euros par mois. Le rez-de-chaussée de Bjala, reconverti en loft, accueille une vingtaine de jeunes issus des townships. Ils montent des projets photographiques et marketing, dans une émulation toute new-yorkaise. Les investisseurs ont fondé une école primaire aussi, au premier étage, pour les enfants du quartier. Elle est gratuite et «ouverte sur le monde». L'année prochaine, si tout va bien, il y aura aussi un collège pour les adolescents.

«L'urbanisme, ce n'est pas seulement un retour sur investissement rapide, explique le propriétaire. Il faut réfléchir sur plusieurs générations pour repenser une ville, il faut des services, des écoles, des magasins…» Le jeune urbaniste nous reçoit sur le toit de l'immeuble, le soleil se couche derrière les hauts gratte-ciel du CBD, éclairant la ville de l'or. Il déteste qu'on le dise, mais il fait partie de cette nouvelle génération de Sud-Africains blancs rêvant de faire naître cette «nation arc-en-ciel» qu'on leur avait promise étant enfants. «Les Blancs et les Noirs vivent dans deux réalités tellement différentes, dans ce pays. Si on les fait se confronter de manière si violente, évidemment, ça ne marchera jamais.» Il regarde l'horizon. Des vieilles usines et des immeubles aux vitres cassées s'étendent à perte de vue. Au loin, les terrils des mines d'or et le vieux foyer de travailleurs migrants : «La cicatrice du passé, dit-il. Tout est à refaire à Johannesburg, tout est à repenser. Il y a de la place pour tout le monde. Construire des lofts et des galeries d'art à Jeppe, c'est comme aller vivre sur la Lune en pensant qu'on n'a pas besoin de combinaison à oxygène.»