Les Etats sont désormais minoritaires : 51 des 100 plus grandes économies du monde sont des multinationales. Et cela ne va pas s’arranger, avec la vague d’optimisation et d’évasion fiscales que mettent en œuvre les plus grandes firmes de la planète.
Dans son rapport «Parlons argent : l’Afrique invitée du G7», publié mardi, l’ONG Oxfam révèle qu’en 2010 (dernière année pour laquelle des données sont disponibles) des multinationales et des investisseurs basés dans les pays du G7 ont escroqué l’Afrique de 6 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros). Cette somme correspond à plus du triple des fonds nécessaires pour combler le déficit de financement de la santé en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée, trois pays dévastés par Ebola. En cause : la manipulation des prix de transfert, une astuce qui permet à une entreprise de fixer artificiellement les prix auxquels ses filiales s’échangent des biens ou services. Par ce biais, des firmes ont soustrait à l’impôt 20 milliards de dollars de bénéfices réalisés en Afrique (les 6 milliards correspondant au taux d’imposition moyen des sociétés dans les pays africains, 28 %).
Oxfam entend pousser le G7, qui se réunit les 7 et 8 juin en Bavière, à associer l'Afrique aux efforts internationaux de réforme du système fiscal. «Les dirigeants du G7 ne doivent pas se contenter de resserrer les mailles du filet dans leur propre pays et laisser les multinationales se soustraire à leurs obligations fiscales en Afrique», affirme Nicolas Vercken, d'Oxfam France. C.Lo.