Le Premier ministre sud-coréen a déclaré le 28 juillet la «fin de facto» de l'épidémie du Mers-coronavirus, après 23 jours sans contamination (l'OMS, elle, attend 28 jours), et présenté les excuses officielles du gouvernement sud-coréen pour la mauvaise gestion de cette crise, qui a fait 36 morts. Comment la Corée du Sud a-t-elle pu devenir été le deuxième plus grand foyer, après l'Arabie Saoudite, du «syndrome respiratoire du Moyen-Orient»?

Cousin du Sras, qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003, le Mers (syndrome respiratoire du Moyen-Orient, très commun chez les chameaux) est apparu en 2012 en Arabie Saoudite. Il reste encore beaucoup d’inconnues à propos de ce virus, que ce soit son mode de transmission ou la gravité de l’infection. Si les chameaux ne présentent généralement pas de symptômes, les humains montrent des difficultés respiratoires accompagnées de fièvre, de toux et souvent de troubles gastro-intestinaux.

Le premier patient, un homme de 68 ans qui revenait d'un séjour dans le golfe Persique, a visité plusieurs hôpitaux avant que les docteurs ne comprennent qu'il s'agissait du premier cas de Mers. «Il a été en contact avec de nombreuses personnes, dans des hôpitaux bondés, alors qu'il était en pleine phase contagieuse», raconte Song Dae-sub, professeur au collège de pharmacie à l'Université de Corée. Si ensuite l'épidémie s'est propagée aussi vite, c'est peut-être aussi parce que, en Corée, les visites à l'hôpital sont fréquentes et peu régulées. Il n'est pas rare que des membres de la famille d'un patient s'installent à son chevet pour le soigner.

Certains suggèrent par ailleurs que le génome asiatique pourrait être plus vulnérable à ce virus. «Je n'y crois pas vraiment. Il y a beaucoup d'ouvriers asiatiques, notamment des Philippines, qui travaillent au Moyen-Orient. Si tel était le cas, d'autres foyers d'épidémie seraient apparus», commente Dr Hakim Djaballah, directeur de l'Institut Pasteur en Corée. En revanche, le climat plus doux qu'au Moyen Orient et la densité de population plus élevée ont pu favoriser l'avancée du virus. Une chose est sûre, ce dernier s'est jusqu'ici montré plus contagieux mais moins mortel en Corée qu'en Arabie Saoudite.

Après avoir laissé un patient infecté se rendre en Chine fin mai, le gouvernement s'était montré plus ferme. Des milliers de personnes jugées à risque avaient été mises en quarantaine. Et pour être sûres qu'elles respectent bien les mesures de confinement, les autorités avaient décidé de les surveiller via leurs smartphones. Par ailleurs, aucun cas de transmission du coronavirus en dehors des hôpitaux n’a été confirmé, et le taux de mortalité est resté en dessous de 10%.