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Libération

Accusé de corruption, le Premier ministre roumain refuse de céder

publié le 14 juin 2015 à 20h26

C'est l'une de ces crises politico-judiciaires dont la Roumanie a le secret. Accusé par le parquet anticorruption (DNA) de «faux», «complicité d'évasion fiscale» et «blanchiment d'argent», le Premier ministre social-démocrate, Victor Ponta, refuse de démissionner. Le Parlement, dominé par sa majorité, bloque la levée de son immunité.

En 2007-2008, Victor Ponta aurait touché de l’argent d’un avocat qu’il a nommé ministre quelques années plus tard au sein de son gouvernement. Le socialiste se dit innocent et accuse l’opposition de centre droit de profiter de ses démêlés judiciaires pour renverser l’exécutif en place.

Sa mise en accusation n’est pas une surprise dans un pays où la lutte anticorruption est devenue l’élément clé de la réforme de l’Etat.

Depuis un an, le DNA a sorti l'artillerie lourde et les matinées des Roumains sont rythmées par les descentes télévisées des procureurs : le ministre des Finances a démissionné après avoir été arrêté pour blanchiment d'argent, le maire de Constanta, la deuxième ville du pays, dort lui aussi en prison, accusé d'avoir touché 9 millions d'euros de pots-de-vin alors que l'édile du Ve arrondissement de Bucarest auraitillégalement bénéficié de 20 millions d'euros.

Créé avant l’adhésion de la Roumanie à l’UE, en 2007, le DNA est populaire (60 % d’avis favorables), mais il est beaucoup moins bien vu par certains politiques. Ainsi, il n’est pas rare de voir des initiatives visant à couper les ailes du «super-parquet».

Cette nouvelle affaire complique la situation du pays. Pour un officiel européen, Ponta doit démissionner car «cette crise risque d'affecter durablement la crédibilité européenne de la Roumanie et de mettre en péril son adhésion a l'espace Schengen».