Menu
Libération
A chaud

Les négociations sur la Grèce se terminent à Bruxelles sans accord

Alors que la menace d'un défaut de paiement de la Grèce se rapproche, le FMI, la Commission et la Banque centrale européennes discutaient avec la Grèce dimanche 14 juin.
Une bannière sur laquelle apparait le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le drapeau européen décrochée du ministère des finances à Athènes, le 11 juin 2015 (Photo Louisa Gouliamaki. AFP)
par AFP
publié le 14 juin 2015 à 11h14
(mis à jour le 14 juin 2015 à 15h03)

Selon la Comission européenne, «des divergences importantes subsistent» dimanche 14 juin en fin de soirée. Le gouvernement grec juge de son côté que les réclamations sont «irrationnelles». Aucun accord n'a été trouvé alors que le temps manque.

«On est à la limite du temps disponible pour sauver la situation», a confié dimanche matin une source européenne à l'AFP, jugeant qu'un accord dès dimanche «serait certainement souhaitable». Les discussions réunissent négociateurs grecs et représentants de la Commission européenne, de la BCE, du FMI et du MES, le dispositif de gestion des crises de la zone euro.

Les négociations interviennent alors que la Grèce est plus que jamais menacée de défaut de paiement, ce qui pourrait constituer une déflagration aux conséquences imprévisibles pour la zone euro tout entière. Athènes doit en effet rembourser le 30 juin 1,6 milliard d’euros de prêts du FMI, et risque fort de ne pouvoir honorer cette échéance sans le déblocage de 7,2 milliards d’euros restant à verser dans le cadre de son plan d’aide. Un déblocage suspendu depuis des mois à un accord avec les créanciers.

Le calendrier est d'autant plus serré qu'en cas d'accord, il devra encore être entériné à l'unanimité jeudi lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, et que certains parlements nationaux devront ensuite donner leur feu vert au déboursement de l'aide. «L'Eurogroupe de jeudi est le dernier arrêt de ce train» de négociations, a insisté dimanche la source européenne interrogée.

D'autres sources proches des négociations se montraient pessimistes dimanche. «Les discussions sont difficiles. Il n'est pas sûr qu'elles aboutissent», déclarait l'une d'entre elles, ajoutant que «les responsables de la Commission européenne craignent qu'un accord ne puisse être trouvé à temps».

Le principal point sur lequel se focalisent les négociateurs est le niveau de l’excédent budgétaire primaire (calculé hors du service de la dette), qui conditionne le montant des économies ou des recettes supplémentaires à réaliser dans le pays.

Les créanciers demandent qu’il atteigne 1% cette année. Selon le quotidien grec To Vima (centre), les Grecs sont prêts à faire des concessions pour arriver «un peu en-dessous de 1%» contre 0,75% proposé précédemment, notamment en supprimant les exonérations fiscales dont bénéficient les îles grecques.

Quant au quotidien libéral Kathimerini, il affirme que le gouvernement grec est prêt à accepter des réductions dans les retraites et les salaires, en échange d’une extension du programme actuel avec les créanciers et de solutions pour alléger la dette du pays, qui devrait atteindre 180% du PIB cette année.

Compromis «torpillé» -

Le vice-président de la Commission européenne chargé de l'euro, Valdis Dombrovskis, a assuré au quotidien allemand Die Welt que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, restait en contact avec M. Tsipras pour trouver une solution «mutuellement acceptable, dans les délais». Mais «le temps ne joue pas en notre faveur», a-t-il reconnu. Il a rappelé que la Commission était prête à accepter des changements dans le programme grec de réformes, pourvu qu'elles aient un effet budgétaire équivalent.

Mais selon l'édition dominicale de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, des tensions seraient apparues ces jours derniers entre le FMI et la Commission. Le FMI aurait «torpillé» un compromis d'accord soumis par M. Juncker et prévoyant un report des coupes dans les retraites en échange d'efforts équivalents sur le budget militaire.

«Je ne serais pas surpris que le FMI insiste aujourd'hui sur des positions inacceptables qu'il sait bien que la Grèce ne peut pas accepter, ce qui serait une justification pour que l'institution quitte les négociations», a déclaré le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, dans un entretien à l'hebdomadaire Realnews.

Il a assuré que cet éventuel départ «n'empêcherait pas un accord entre seulement Athènes et les Européens». Mais une source européenne interrogée par l'AFP a insisté sur le fait que l'accord des trois institutions était nécessaire, et une autre a assuré qu'elles partageaient les «mêmes objectifs», renvoyant la balle dans le camp grec.