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Libération

Le gouvernement d'union nationale palestinien vole en éclats

L'union nationale entre Fatah et Hamas aura été un échec. Un an après sa constitution, le gouvernement de l'Autorité palestinienne jette l'éponge faute de remplir le contrat.
Mahmoud Abbas, lors du «conseil révolutionnaire» de son parti, le Fatah, mercredi, à Ramallah. (Abbas Momani. AFP)
publié le 17 juin 2015 à 12h08

Mahmoud Abbas a surpris tout le monde en annoncant jeudi soir, à l'occasion d'une réunion de routine du «Conseil révolutionnaire» du Fatah (son parti), que le gouvernement de l'Autorité palestinienne (AP) «démissionnera dans les vingt-quatre heures». Créé le 2 juin 2014 dans le cadre du «processus d'union nationale» entre le Fatah et le Hamas, dirigé par Rami Hamdallah, ce cabinet était composé de technocrates ayant l'aval des deux partis. Objectif ? Représenter la Cisjordanie et la bande de Gaza enfin réunies sous la même bannière mais – et surtout − préparer de nouvelles élections, législatives et présidentielle.

Or, rien ne s’est produit car l’union nationale est un leurre. En effet, indépendamment du blocus de la bande de Gaza mis en place par Israël et par l’Egypte, le Hamas au pouvoir dans cette enclave a toujours refusé de voir l’AP, basée à Ramallah (Cisjordanie), venir brouter dans son pré carré. L’organisation islamiste a donc continué à mener sa propre politique étrangère et à prélever ses propres taxes. Elle a également gardé le contrôle de services de sécurité locaux, de sa branche armée, ainsi que de l’administration qu’elle avait mise en place après son putsch de juin 2007.

Malgré l’union nationale, le Hamas a continué à persécuter les Gazaouis restés fidèles au Fatah. Principalement des fonctionnaires percevant un salaire versé par l’AP. A contrario, en Cisjordanie, la traque des supporteurs de l’organisation islamiste par les services de renseignement de l’AP inféodés au Fatah ne s’est jamais interrompue. A en croire la Palestinian human rights monitor (PHRM), une ONG palestinienne de défense des droits de l’homme, les arrestations arbitraires, les détentions sans procès et la torture sont autant pratiquées à Gaza-City qu’à Ramallah.

A Gaza-City, les radiotélévisions contrôlées par le Hamas accusent en tout cas Abbas de «se comporter en dictateur» alors qu'à Ramallah, les médias liés à l'AP dénoncent l' «extrémisme» et l' «irresponsabilité» du Hamas.

Peu après l’entrée en fonction du gouvernement Hamdallah, Abbas avait annoncé son intention de se rendre dans la bande de Gaza pour accélérer le processus de réconciliation. Mais il ne l’a jamais fait. Parce que le Hamas n’était pas très chaud et parce que l’opération «Bordure protectrice», la guerre de cinquante jours entre les factions palestiniennes et l’Etat hébreu, a débuté un peu plus tard.

En novembre 2014, Rami Hamdallah avait lui aussi annulé la visite qu’il devait effectuer dans l’enclave «pour des raisons de sécurité». Cinq mois plus tard, en avril 2015, une délégation ministérielle de Ramallah s’était finalement rendue sur place afin d’examiner les moyens d’aplanir les problèmes entre les deux parties de la Palestine. Principal sujet de discussion : la ventilation des fonds versés à l’AP par la communauté internationale pour la reconstruction de Gaza.

En principe, la délégation aurait dû rester une semaine sur place mais l’ambiance était tellement tendue qu’elle a plié bagages au bout de vingt-quatre heures.