Finalement, ce ne sera pas le «sommet de la dernière chance», mais celui de «l'avant-dernière chance». Les 19 chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, convoqués vendredi en urgence par le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, ne devraient pas parvenir à un accord sur le sort à réserver à la Grèce, menacée d'un défaut de paiement le 30 juin. Ils devraient se contenter d'un «débat politique franc entre dirigeants», comme l'a expliqué avant l'ouverture du sommet qui a débuté à 19 heures, lundi, l'un des porte-parole du Conseil européen, Preben Aaman : «Le but n'est pas et n'a jamais été de trouver un accord technique.» «Des progrès ont été faits ces derniers jours, mais nous n'y sommes pas encore», a admis Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne : «Mon but est d'avoir un accord d'ici la fin de la semaine.» Toutefois, une source gouvernementale grecque annonçait lundi soir qu'Athènes acceptait le principe d'une prolongation de son plan d'aide.
Les marchés sont optimistes: les bourses européennes se sont envolées et les taux d'intérêt des obligations d'Etat ont fortement baissé. Les ministres des Finances de la zone euro, qui se sont retrouvés lundi après-midi durant deux heures, ne sont pas parvenus à un compromis sur les nouvelles propositions soumises dans la nuit de dimanche à lundi par Athènes. Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe, s'est cependant montré optimiste, une première : «C'est une base pour reprendre les discussions et obtenir un résultat dans les jours qui viennent.» Un nouvel Eurogroupe sera donc convoqué mercredi ou jeudi et les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, qui se retrouvent jeudi et vendredi à Bruxelles pour leur sommet d'été, devraient à nouveau discuter du casse-tête grec pour essayer, cette fois, de le résoudre.
«Sauver les salaires». Le détail des propositions grecques, signées pour la première fois par Aléxis Tsípras, n'est pas connu. On sait que les créanciers (zone euro et Fonds monétaire international) exigent de la Grèce un effort supplémentaire de 3 milliards d'euros en 2015, soit en coupant dans les dépenses publiques, soit en augmentant les impôts. Il s'agit d'équilibrer le budget grec à long terme, et de dégager un excédent primaire (hors charge de la dette) afin de permettre au pays de rembourser ses emprunts.
La fin des préretraites. Le Premier ministre grec a détaillé à son arrivée à Bruxelles les «clés» d'un accord : «Laisser derrière nous les excédents primaires excessifs, sauver les salaires et les retraites, éviter des augmentations excessives déraisonnables de l'électricité […], promouvoir les réformes structurelles […] visant à la redistribution des charges, la lutte contre l'évasion fiscale et la corruption.» Il n'est donc plus fait référence à un allégement de la dette détenue par la zone euro, qu'exigeait Tsípras. De même, selon certaines sources, le gouvernement Syriza a bougé sur les retraites, dont le poids dans le PIB (16%) est insoutenable. Les créanciers veulent en particulier en finir avec les préretraites, un tiers des fonctionnaires quittant leur emploi à 55 ans et parfois même à 42 ans. De même, les créanciers sont prêts à renoncer à certaines augmentations de TVA à condition que la Grèce coupe dans son plantureux budget militaire.