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Libération
Récit

A Jérusalem, Laurent Fabius fait un flop diplomatique

Le ministre des Affaires étrangères a assisté impuissant ce week-end à l'enlisement de l'initiative de paix française, qui cherche un cadre à de nouveaux pourparlers entre Israéliens et Palestiniens.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, dimanche. (Photo Thomas Coex. AFP)
publié le 22 juin 2015 à 11h30

Un petit tour et puis s’en va. Au lendemain de la visite de Laurent Fabius en Israël et dans les Territoires palestiniens, il ne reste plus grand-chose de l’initiative de paix française présentant un cadre pour la reprise des pourparlers israélo-palestiniens. En substance, ce plan prévoit que le Conseil de sécurité fixerait sous la forme d’une résolution un délai de dix-huit mois pour arriver à un accord final, grâce auquel un Etat palestinien indépendant et démilitarisé verrait le jour à côté de l’Etat hébreu.

«Nous voulons que les négociations reprennent, a déclaré le ministre des Affaires étrangères durant ses courtes escales au Caire, à Amman, à Jérusalem et à Ramallah. Si nous ne faisons rien, la situation peut se dégrader à un chaque instant et notre rôle en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et d'ami des pays de la région consiste à les aider à trouver une solution.»

Cependant, dimanche matin, avant même d'avoir rencontré son hôte, Benyamin Nétanyahou, qui détient également le portefeuille des Affaires étrangères, a torpillé le projet français en affirmant que son pays «refuse les diktats internationaux». «Le seul moyen d'aboutir à un accord de paix passe par les négociations bilatérales que les Palestiniens refusent», a-t-il ajouté.

Embrassades et poignées de main

Certes, quelques heures plus tard, le Premier ministre israélien s'est montré moins virulent en recevant Fabius à Jérusalem. Mais il n'a pas cédé d'un pouce sur le fond malgré les embrassades et poignées de main. Et puisqu'il fallait bien sauver la face, le chef de la diplomatie française a multiplié les petites phrases, affirmant que «la France ne veut rien imposer» et que «l'important, c'est que les négociations reprennent». Il s'est également félicité que Nétanyahou et Mahmoud Abbas l'aient assuré qu'ils sont prêts à négocier.

Encore faut-il savoir quand et comment. Car la diplomatie américaine, qui reste l'acteur principal dans la région, se casse les dents sur ce dossier depuis vingt-deux ans. A Jérusalem comme à Ramallah, on imagine donc mal le Quai d'Orsay réussir là où Washington a échoué. Faute de mieux, Fabius propose de faire superviser les négociations par un comité international qui accompagnerait les parties et les aiderait à surmonter les difficultés «dans les derniers mètres» des discussions.

L’idée est intéressante, même si elle n’est pas nouvelle. Le problème, c’est qu’en Israël comme dans l’Autorité palestinienne (AP), l’heure n’est pas à la reprise du processus de paix. Parce que le gouvernement Nétanyahou IV s’appuie sur des partis nationalistes favorables à la poursuite de la colonisation. Quant à l’AP, elle est plus divisée que jamais entre le Hamas au pouvoir à Gaza et le Fatah, à Ramallah. Cela, alors que les violences reprennent sur le terrain après quelques mois de calme trompeur.

«L'initiative française remet au centre de l'actualité un conflit dont on ne parlait plus ces derniers temps et c'est en cela qu'elle est intéressante», a estimé dimanche le chroniqueur diplomatique de la télé israélienne Oudi Segal. Il n'a rien eu d'autre à ajouter sur le sujet.