La note de la NSA (2006)
Le président français souhaite que Roed-Larsen devienne sous-secrétaire général des Nations unies
(TS//SI-G//OC/REC TO USA, AUS, CAN, GBR, NZL) «Le président français, Jacques Chirac, a demandé le 23 décembre au ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, de s’assurer que l’actuel envoyé de l’ONU pour l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU soit choisi comme sous-secrétaire général adjoint des Nations unies ou se voie au moins offrir un poste avec des responsabilités similaires. Chirac a fait connaître à Douste-Blazy, de manière très explicite, la manière dont il souhaitait que ce dernier procède en lui demandant d’approcher l’actuel secrétaire-général de l’ONU, Ban Ki-moon, et de lui rapporter les sentiments de ce dernier à l’égard du poste de secrétaire adjoint. (COMMENTAIRE : les ordres assez détaillés donnés par Chirac sont peut-être une réaction à la propension de Douste-Blazy, largement démontrée par le passé et un nombre conséquent de réprimandes officielles de la part de la présidence, à faire des déclarations inexactes ou inopportunes.)
«Le président est favorable à la nomination de Roed-Larsen pour plusieurs raisons, notamment parce qu’il estime que la situation au Proche-Orient nécessite un expert ayant une bonne expérience de la région et parce qu’il a conscience que – pour une fois – la France, la Russie et les Etats-Unis soutiennent le même homme.
«Parmi les autres considérations figure le fait que Ban a l’intention de conserver le Français Jean-Marie Gehenno à la tête du département des Opérations de maintien de la paix des Nations unies, qui doit être divisé en deux parties, et dont le nouveau service s’occuperait de logistique. Cette future division s’est par ailleurs attirée les foudres de Douste-Blazy, qui pense qu’elle serait une catastrophe. Non conventionnel.»
Impulsée par Paris et adoptée le 2 septembre 2004, la résolution 1559 visait à rétablir l’autorité de l’Etat libanais sur l’ensemble de son territoire. Le texte sommait la Syrie d’évacuer ses 14 000 soldats du pays – ce qui a été fait – et exigeait le désarmement de toutes les milices, dont en premier lieu le Hezbollah. Quelques mois plus tard, le Premier ministre sunnite Rafic Harriri, ami personnel de Jacques Chirac, était tué dans un attentat effectué par le Hezbollah et commandité par Damas.
C’est dans ce contexte qu’il faut lire ces injonctions de Chirac au ministre des Affaires étrangères de l’époque, Philippe Douste-Blazy, qui ne brillait pas par ses compétences en politique internationale. Terje Roed-Larsen, diplomate norvégien – que Jacques Chirac décorera en personne du rang d’officier de la Légion d’honneur en 2008 un an après son départ de l’Elysée –, s’était illustré par sa détermination à mettre en œuvre ce texte onusien, d’où l’engagement du président français en sa faveur. Cette note fait aussi référence, en l’orthographiant mal, à Jean-Marie Guéhenno, normalien et énarque, brillant diplomate, qui fut de 2000 à 2008 le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU.