C'est une volte-face apparemment surprenante de la Hongrie. Le gouvernement de droite populiste a finalement renoncé à «suspendre unilatéralement» l'accord de Dublin III. Selon cet accord, c'est le premier pays de l'Union européenne par lequel entre un migrant qui est chargé d'étudier la demande d'asile de ce migrant et donc de l'héberger pendant le temps que dure cette procédure. En conséquence, la France est ainsi autorisée à refouler des demandeurs d'asile vers l'Italie, si leur entrée dans l'Union européenne s'est faite par ce pays. L'Autriche et l'Allemagne peuvent faire de même avec la Hongrie. Concrètement, la suspension aurait permis à Budapest de refuser que des migrants lui soient réexpédiés. L'Autriche a jugé la suspension «inacceptable» et menacé Budapest de «conséquences» ; la Commission européenne a, elle, exigé «une clarification immédiate». Budapest a donc finalement fait machine arrière. Mercredi, les politiciens magyars se sont répandus en propos conciliants. Le ministre des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a informé son homologue autrichien, Sebastian Kurz, que la Hongrie «ne suspendait aucune règle de l'Union européenne» . Moins qu'une volte-face, c'est une illustration du double langage constant du gouvernement de Viktor Orbán. D'un côté, des formules fermes et à l'emporte-pièce, destinées aux électeurs de droite et d'extrême droite ; de l'autre, la langue diplomatique à destination de Bruxelles.
Immigration : le double langage de Budapest
publié le 25 juin 2015 à 19h56
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