Les incidents sanglants se multiplient à quelques heures de l’anniversaire de la mort de Mohammad Abou Khdeir, cet adolescent palestinien brûlé vif le 2 juillet 2014 par des extrémistes juifs qui voulaient venger l’enlèvement et l’assassinat de trois jeunes Israéliens quelques jours auparavant.
Cette nouvelle vague de violence a débuté le 19 juin dernier lorsqu’un jeune Palestinien a vidé le chargeur de 9mm sur deux Israéliens circulant en voiture près de la colonie de Dolev. Depuis lors, une quinzaine de poignardages, d’attaques à la voiture bélier et tentatives d’assassinat de soldats israéliens ont été comptabilisées. Une voiture transportant quatre colons a également été mitraillée le 29 juin et Malachi Moshé Rosenfeld, l’un d’entre eux, y a perdu la vie.
«Nous sommes tous des colons (…) et nos ennemis se comportent comme des bête. Personne ne nous fera jamais partir d'ici. Nous sommes sur cette terre pour y rester et nous nous défendrons», a asséné Naftali Benett, le ministre israélien de l'Education qui participait à l'enterrement de Rosenfeld. Leader du parti d'extrême droite Foyer juif et principal porte-parole des colons au sein du gouvernement, Benett a également prôné le déclenchement de représailles. Entre autres, la remise en place des barrages empêchant les Palestiniens de circuler librement sur les routes de Cisjordanie.
Manifestation de masse
Pour marquer leur désapprobation face au «laxisme» de Benyamin Nétanyahou, le «Yecha» (le lobby des colons) a installé, lui, une tente de veille devant le cabinet du Premier ministre. Une importante manifestation de masse y était organisée mercredi soir sur le thème «arrêtons la vague de terreur, construisons des colonises».
La bouffée de violence de ces derniers jours s'explique par la conjonction entre l'anniversaire de la mort d'Abou Khdeir et celui du déclenchement de l'opération «Bordure protectrice», la guerre de cinquante jours qui a opposé Israël aux organisations palestiniennes de Gaza durant l'été 2014. «Ajoutez à ce cocktail le fait que nous sommes en période de ramadan, et que, d'une manière générale, les Palestiniens ne voient aucun perspective de règlement politique du conflit alors que les colonies continuent à se développer. Mélangez tout cela et vous comprendrez pourquoi la tension monte dans les territoires occupés », ajoute le spécialiste des questions palestiniennes Avi Issaharof.
Comparaissant mardi à huis clos devant la commission des Affaires étrangères et de la défense de la Knesset, le directeur général du Shabak, la Sûreté générale israélienne plus connue en Europe sous son ancien nom de «Shin Beth», a estimé qu'une nouvelle intifada «n'est pas à l'ordre du jour». Du moins, pas pour le moment. Mais il a révélé que depuis 2012, le nombre d'incidents, attaques et d'attentats perpétrés en Cisjordanie ainsi qu'à Jérusalem-Est a augmenté de 50% par an. A l'en croire, une soixantaine de «cellules terroristes préparant des attentats de grande ampleur» auraient été démantelées depuis le début de l'année.
Selon le Shabak et les Renseignements militaires israéliens (Aman), ces cellules ne reçevraient pas leurs ordres du Hamas de la bande de Gaza mais d’autres antennes de l’organisation islamiste basées en Turquie ou au Qatar et qui mèneraient une politique autonome.
Des précautions
Quant aux poignardages et aux attaques à la voiture bélier, à la hache et au marteau, ils sont le plus souvent menés par des loups solitaires opérant de leur propre gré afin d’apporter leur pierre à la lutte contre l’occupation. Depuis le début de 2015, trente-neuf d’entre eux ont été blessés avant même d’avoir pu lancer leur opération. Deux ont été tués en pleine action.
Officiellement, le gouvernement israélien ne redoute pas l’embrassement. Mais il prend des précautions pour éviter toute surprise. A Jérusalem, la police a renforcé le contrôle des quartiers arabes et limité l’accès des fidèles à la grande prière du vendredi sur l’esplanade des mosquées (Jérusalem). En Cisjordanie, le ministre de la Défense Moshé Yaalon (Likoud) a autorisé la fermeture de plusieurs routes aux voitures palestiniennes ainsi que le déploiement de troupes fraîches dans la région de Naplouse.
Au moment où Rosenfeld était porté en terre, celles-ci ont déclenché une gigantesque chasse à l’homme au cours de laquelle une quarantaine de militants du Hamas –des anciens prisonniers libérés dans le cadre d’un accord avec l’Autorité palestinienne - ont été arrêtés.