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Libération

En Italie, Renzi raille les partisans du non grec

par Eric Jozsef, Correspondant à Rome
publié le 8 juillet 2015 à 23h23

En janvier, pour fêter la victoire électorale d'Aléxis Tsípras, ils étaient environ 300 à s'être rendus à Athènes sous le nom de «brigade Kalimera». Cette fois, à l'occasion du référendum de dimanche, les militants de la gauche radicale italienne sont venus moins nombreux et en ordre dispersé, mais avec le renfort de certains responsables de l'aile gauche du Parti démocrate (PD). L'ancien vice-ministre Stefano Fassina comme le parlementaire Alfredo D'Attore étaient notamment du voyage. «C'est une question de démocratie», a insisté ce dernier.

Au sujet de la Grèce, une frange de la minorité du parti dirigée par Matteo Renzi s'est ainsi mobilisée. Pour l'occasion, l'ancien président du Conseil Massimo D'Alema, qui combat depuis des mois le jeune Premier ministre, a pris des accents germanophobes : «On dit que nous payons les retraites des Grecs. Ce n'est pas vrai ! Les Grecs ne voient pas l'odeur de notre argent. Nous payons les banques allemandes […]. Celles-ci achètent les titres grecs, et le pays s'appauvrit toujours plus.»

Au soir du référendum, Renzi n'a pas semblé trop préoccupé par les dividendes que la minorité de son parti pourrait retirer du vote grec. «La gauche du PD, Fassina, D'Attore et les autres, doivent aller jusqu'en Grèce pour gagner une élection», a-t-il ironisé. Le chef du gouvernement italien a néanmoins veillé à rester régulièrement en contact avec son homologue grec. «Nous avons parlé avec tout le monde», a-t-il souligné.

Dans un jeu d'équilibriste et pour ne pas irriter ses partenaires allemands, Renzi s'est toutefois bien gardé d'apparaître aligné sur les positions de Syriza. Il a attribué l'entière responsabilité de la rupture des négociations avec l'UE à Tsípras et a pris ses distances avec ce qu'il considère comme une fuite en avant. A l'adresse des nombreux soutiens italiens du non, qui, au-delà de la gauche radicale, réunissent la Ligue du Nord, le Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo et une partie de la droite berlusconienne, Renzi a lancé : «Vous voulez la Grèce ? Prenez-là ! Si vous voulez proposer aux citoyens des queues devant les distributeurs de billets pour retirer 20 euros, allez-y. Moi, je préfère faire des réformes et mettre l'Italie à l'abri de ces scénarios dramatiques.»

Désormais, le président du Conseil, qui a répété que «la sortie de la Grèce de l'euro serait une catastrophe», veut surtout un dénouement rapide de la crise. Il a exclu une rediscussion de la dette grecque. Et dans le même temps a demandé qu'on remette sur la table «le chantier européen» pour une Union plus intégrée et moins focalisée sur l'austérité économique.