Le dernier rapport hebdomadaire de l'Unicef sur la situation nutritionnelle des enfants au Niger est inquiétant. 2,15 millions d'enfants se trouvent en situation d'insécurité alimentaire ; plus de 368 000 enfants de moins de cinq ans seraient susceptibles de souffrir de malnutrition aiguë sévère, à court terme mortelle. Le mois de septembre pourrait être «tragique», selon une source jointe à Niamey.
Dans la région de Diffa, frontalière avec le Nigeria, plus de 10 000 enfants ont déjà été pris en charge par les structures de santé, soit presque deux fois plus que l’année dernière, selon l’Unicef. On attend près de 23 000 cas cette année, un chiffre alarmant depuis que la région est en proie à de violentes attaques de Boko Haram (38 morts à la mi-juin).
Ces chiffres en hausse s’expliquent notamment par les difficultés des personnes réfugiées et déplacées (plus de 100 000), qui se trouvent essentiellement dans la zone du lac Tchad avec toujours cette impossibilité d’accéder aux soins et à la nourriture. A cela s’ajoutent les mouvements des populations locales qui fuient la zone de Diffa et Bosso, au pli des frontières du Nigeria et du Tchad.
Dans la région de Diffa, les attaques incessantes du groupe armé sur les zones frontières ont considérablement perturbé les interventions des acteurs humanitaires qui craignent aussi un «tarissement» des sources de financement : les fonds qui permettent de répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des populations pendant la période de «soudure», qui court de juin aux récoltes d'octobre, sont «de plus en plus difficiles» à mobiliser. Comprendre : les caisses des ONG seront bientôt à sec.
A très court terme, selon une autre source, les aliments thérapeutiques destinés aux enfants malnutris pourraient très rapidement manquer alors que les mois d'août et septembre sont annoncés «comme des pics de malnutrition».
Par ailleurs, les pluies tardives ont repoussé la période des semis dans certaines zones, ce qui pourrait aggraver «une situation alimentaire et nutritionnelle sérieuse» pour le Niger et ces enfants. Reste que si le gouvernement du Premier ministre Brigi Rafini se montre parfaitement conscient des dangers, il souffre d'un terrible manque de moyens qui paralyse toute action pour venir en aide à ses populations.