La salle 4 du Palais de justice de Dakar n’a jamais connu une telle effervescence. Le procès d’ Hissène Habré pour «crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture» verra défiler une centaine de témoins, à charge et à décharge. Près de 4 000 victimes se sont constituées parties civiles, représentées par un collectif d’avocats coordonné par la tchadienne Jacqueline Moudeina. Les accusations à l’encontre d’Habré sont lourdes : 40 000 exécutions sommaires et disparitions forcées, 200 000 personnes victimes de torture. A N’Djamena, en mars dernier, sept complices d’Habré ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. L’ouverture de ce procès historique est l’aboutissement de vingt-trois ans de mobilisation pour que justice soit faite, relancée après la découverte, en 2001, des archives de la DDS, la redoutable police politique du régime. Avec la création en février 2013 de ce tribunal indépendant mis en place par Dakar et l’Union africaine (UA) - les Chambres africaines extraordinaires (CAE) - le Sénégal devient le premier pays d’Afrique à mettre en œuvre la Convention de l’ONU sur la torture dont une des dispositions oblige les Etats signataires à juger «les auteurs de crimes de torture présents sur leur territoire même si ceux-ci ou leur victime ne sont pas ressortissants de l’État et même si le crime a été commis à l’étranger ».
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