Washington est toujours à l'écoute de ses amis. De nouveaux documents publiés par WikiLeaks en partenariat avec Libération, Mediapart et la Süddeutsche Zeitung montrent que la puissante National Security Agency (NSA) a consciencieusement écouté les principaux responsables et bureaux du ministère des Affaires étrangères allemand, sur les lignes fixes comme sur les téléphones portables. Y compris ceux de l'ancien ministre Frank-Walter Steinmeier, en poste de 2005 à 2009.
Ses numéros de portable, du ministère et du SPD, son parti, figurent dans un extrait de la base de données de la NSA recensant les «sélecteurs», les cibles de surveillance, publié lundi soir. Hormis Frank-Walter Steinmeier lui-même se trouvent plusieurs hautes personnalités du ministère, dont les portables sont visés. Des numéros de standard et de secrétariats de postes clés apparaissent également dans les sélecteurs, de même qu’un fax.
Cet espionnage semble ancien, certains numéros renvoyant à l’ancienne capitale allemande, Bonn. Il n’a pas cessé lorsqu’Angela Merkel, tout juste élue en 2005, a souhaité ouvrir une nouvelle ère dans les relations avec Washington, après des années fraîches sous Schröder.
Une note d'analyse de la NSA classée top-secret révèle que Steinmeier a fait l'objet d'une surveillance juste après son premier voyage officiel aux Etats-Unis. Il avait alors abordé la question très sensible des vols secrets de la CIA en Europe. D'après le document publié, il «était soulagé de n'avoir obtenu aucune réponse définitive» de la part des autorités américaines. Pour ne pas mettre fin à cette belle lune de miel qui s'engageait avec Washington et ses grandes oreilles.