En Afrique du Sud, des rhinocéros vont bientôt se balader avec une petite caméra-espion logée dans leur corne. Pour lutter contre le braconnage, le scientifique britannique Paul O'Donoghue et l'organisation de défense animale Protect ont inventé un système alliant caméra et GPS pour protéger l'espèce. L'objectif est de surveiller les mammifères en temps réel et de pouvoir identifier les braconniers rapidement.
Le dispositif de Paul O'Donoghue est constitué d'un collier GPS, permettant de mesurer le rythme cardiaque du rhinocéros, et d'une caméra-espion insérée dans une corne de l'animal. «Le système déclenche une alarme, sous forme de signal GPS, si le rythme cardiaque du rhinocéros augmente subitement ou s'arrête», déclare le directeur de Protect, Steve Piper, au magazine en ligne Motherboard. Le signal est alors transmis à un centre de contrôle qui peut dès lors déterminer si un danger est à l'origine de ces modifications, en accédant à la caméra embarquée de l'animal.
Prendre les braconniers sur le fait
Si ce n'est pas une fausse alerte et que ce dernier est poursuivi par des braconniers, l'équipe de surveillance peut réagir en alertant les forces anti-braconnage afin qu'ils se rendent sur les lieux au plus vite. «Le dispositif agit comme un outil de dissuasion car il alerte les équipes immédiatement. Même si les braconniers attaquent l'animal, ils ne pourront pas s'en sortir avec la moindre de ses parties», selon Steve Piper.
De son côté, Paul O'Donoghue affirme à la BBC que le but de cette invention est de «prendre les braconniers la main dans le sac, et c'est ce que nous comptons faire» : «Le fait est que les braconniers ne tuent pas un rhinocéros avant de s'en aller. Ils en tuent dix, douze, quinze en une à deux nuits.» L'arrivée rapide des équipes sur place grâce au dispositif d'alerte permettrait donc de sauver les vies de certains animaux, ou du moins de rendre l'activité de braconnage non-viable sur le plan économique.
Endiguer l’extinction de l’espèce
L’équipe a déjà réalisé des essais concluants en Afrique du Sud, le pays a d’ailleurs autorisé la mise en place du programme. L’équipe a besoin de davantage de fonds mais des organisations de protection des animaux soutiennent le projet, qui devrait être opérationnel d’ici quelques mois. Elle songe par ailleurs à adapter le dispositif à d’autres espèces en danger selon Motherboard, comme les éléphants ou les tigres. Steve Piper a indiqué au site d’informations qu’une réflexion est également en cours quant à la durée de vie du dispositif : des panneaux solaires ou un système utilisant l’énergie cinétique permettraient de le remplacer moins souvent.
Pour l'équipe prenant part au projet, il y a urgence. Le nombre de rhinocéros abattus chaque année par des braconniers en Afrique du Sud s'accroît drastiquement depuis dix ans : 13 spécimens ont été tués en 2007, 448 en 2011, 1 215 l'an dernier. La raison : leurs cornes, convoitées notamment en Asie pour leurs supposées vertus médicinales et vendues entre 60 000 et 80 000 dollars le kilo au marché noir, environ deux fois plus que l'or, selon l'AFP. Le Fonds international pour la protection des animaux estime que le trafic de cornes de rhinocéros a été multiplié par 30 entre 2000 et 2013. Alors que l'Afrique du Sud abrite près de 80% de la population mondiale de l'espèce, celle-ci est plus que jamais en voie de disparition.