Neuf cent soixante-dix-sept pages de mesures à lire et évaluer en vingt-quatre heures chrono ! C’était le défi imposé aux députés grecs, qui n’ont reçu que mardi la liste des réformes sur lesquelles ils étaient appelés à se prononcer mercredi soir. Les députés grecs n’avaient pas vraiment le choix. S’ils n’avalisaient pas mercredi soir ces mesures, ils pouvaient dire adieu à l’aide financière de leurs créanciers, qui reste encore à confirmer avec la finalisation fin août de l’accord conclu le 13 juillet à Bruxelles. Ce vote au forceps de mesures impopulaires fait de plus en plus grincer des dents, notamment dans les rangs de Syriza, le parti de gauche anti-austérité arrivé au pouvoir en janvier.
Mardi, le Premier ministre, Aléxis Tsípras, a d'ailleurs mis en garde les frondeurs de son propre camp : «Si certains ont une alternative, qu'ils le fassent savoir.» Pour limiter la casse éventuelle parmi les députés, l'exécutif a retiré de la deuxième longue liste de réformes celles qui auraient à coup sûr provoqué une crise gouvernementale en plein été : non seulement celle qui concerne la fin des retraites anticipées, mais surtout celle qui prévoit l'augmentation des impôts des agriculteurs. Le gouvernement affirmant que cette mesure fiscale, particulièrement impopulaire, «ne faisait pas partie des préalables imposés par les créanciers» avant la finalisation de l'accord.
Lors du vote des premières mesures, le 15 juillet, 39 députés de Syriza s’y étaient opposés. Elles imposaient notamment la hausse immédiate de la TVA sur un nombre exhaustif d’activités. Ce mercredi, les députés ont voté sur la réforme de la justice et du système bancaire. Des sujets a priori moins polémiques et plus techniques. Pour la justice, par exemple, il s’agit globalement de permettre une accélération des procédures afin de rendre plus rapides les décisions judiciaires. Sauf que certains soupçonnent que cette accélération pourrait s’appliquer aussi à des décisions à fort coût social, comme les expulsions de propriétaires qui n’ont pas pu s’acquitter de leur taxe d’habitation. Or, dans un pays où les salaires et les retraites ont baissé d’un tiers en cinq ans, beaucoup de Grecs ont désormais du mal à s’acquitter de leurs charges. Mais au fond, ce qui se jouait ce mercredi, ce n’était pas tant les effets concrets d’une longue liste de réformes que le recentrage du gouvernement Tsípras, déjà remanié lundi.