Au-delà du buzz qu'elle provoque depuis quelques jours, la sextape qui a fait scandale en Chine, filmée par un couple dans une cabine d'essayage d'un magasin Uniqlo, pourrait avoir des répercussions inattendues pour les employés d'un sous-traitant de la marque, rapporte Quartz.
Ces derniers, en grève depuis début juin, s'inquiètent de leur avenir, alors que leur usine doit être délocalisée. Pour faire parler de leur mouvement social, des travailleurs ont choisi de surfer sur le buzz de la sextape dévoilée la semaine dernière. L'un d'entre eux a posté un message, mettant en lien la vidéo en question, sur un réseau social chinois. S'adressant visiblement à la marque japonaise, l'employé s'interroge : «Devrions-nous aller à Uniqlo pour faire l'amour, ou brandir des pancartes ?»
La confiance ne règne pas
Une intervention sarcastique qui a attiré l'attention des médias et internautes chinois sur ce mouvement de grève jusque-là plutôt ignoré. Certains clients ont depuis commencé à boycotter la marque et à poster des photos d'eux devant ses magasins, tenant des écriteaux pour dénoncer les conditions de travail des employés et appelant l'entreprise à «assumer ses responsabilités sociales».
Face à l'intérêt suscité par le message de l'employé sur Internet, l'exploitant d'Uniqlo a donc été obligé de s'exprimer sur la grève et a demandé à Level Style, le groupe possédant l'usine de Shenzhen, de la résoudre «de façon pacifique».
Cela fait maintenant plus d'un mois qu'environ 900 travailleurs de l'entreprise Shenzhen Artigas Clothing & Leather, qui fabrique des vêtements pour Uniqlo, ont cessé le travail. Ils dénoncent la fermeture de leur usine et craignent que les pensions qui leur sont dues restent impayées après sa délocalisation, à 5 kilomètres de son emplacement actuel. D'autant que la confiance ne règne pas. «L'employeur a affirmé qu'il n'y aurait pas de délocalisation après une grève en décembre, mais en mai, ils ont relancé les opérations», a déclaré un représentant des travailleurs à Reuters.
Salaires extrêmement bas
Les grévistes réclament des indemnités, mais pour l'heure, l'entreprise ne leur propose qu'un dédommagement de 800 yuans, soit environ 120 euros, selon le site américain Quartz. Insuffisant à leurs yeux. De leur côté, les syndicats de travailleurs maintiennent la pression pour qu'Uniqlo s'engage de façon concrète pour que ces derniers reçoivent les indemnités auxquelles ils peuvent prétendre. 200 employés dorment même sur place pour s'assurer que leurs outils de travail ne soient pas emportés.
Les fournisseurs d'Uniqlo ont déjà été pointés du doigt ces derniers mois en raison des salaires extrêmement bas et du nombre excessif d'heures supplémentaires réalisées par les employés pour compenser. En début d'année, bien que la tendance générale soit à l'amélioration, le rapport d'une ONG basée à Hongkong épinglait déjà les conditions de travail de certains sous-traitants du groupe japonais Fast Retailing, propriétaire d'Uniqlo.