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Libération
Récit

Inde : une attaque terroriste réveille la méfiance envers le Pakistan

Les assaillants d'un poste de police du Pendjab indien, à proximité de la frontière, pourraient appartenir à un groupe islamiste pakistanais.
Des soldats indiens pendant l'assaut contre les agresseurs retranchés dans le poste de police de Dinanagar, ce lundi, non loin de la frontière pakistanaise. (Photo Narinder Nanu. AFP)
publié le 27 juillet 2015 à 16h11

L’attaque aura duré près de douze heures. A 5 heures du matin lundi, dans le district de Gurdaspur, dans le Pendjab indien, des hommes portant des uniformes de l’armée indienne ont tiré sur un bus, détourné une voiture, et pris le contrôle du poste de police de la ville de Dinanagar, à une vingtaine de kilomètres de la frontière pakistanaise. A 16 h 40, heure locale, les forces de police et l’armée, qui menaient l’assaut depuis le matin, ont annoncé avoir tué trois assaillants.

Huit victimes sont déjà à déplorer, cinq policiers et trois civils – dont deux badauds qui regardaient la scène depuis l'hôpital voisin. Par ailleurs, les journaux télévisés rapportent que cinq bombes ont été retrouvées sur la voie ferrée reliant Pathankot à Amritsar, ce qui fait craindre une menace terroriste coordonnée. Des patrouilles ont été envoyées inspecter les voies et les gares du Pendjab, déclaré en «alerte haute» par la police dans l'après-midi.

L'Etat indien du Pendjab renoue ainsi avec le terrorisme, vingt ans après la fin de l'insurrection sikh qui avait ensanglanté la région dans les années 80. Un calme qui tranchait avec les troubles incessants dans l'Etat voisin du Jammu-et-Cachemire. Cet Etat du nord de l'Inde, tiraillé par des mouvements indépendantistes et que se disputent le Pakistan et l'Inde depuis la partition de l'empire britannique en 1947, fait face, depuis 1989, à une insurrection islamiste réclamant son rattachement au Pakistan musulman. New Delhi accuse régulièrement Islamabad d'entraîner et d'armer les insurgés. Aussi, les regards se sont-ils tournés vers le Pakistan dès le début de l'attaque de Dinanagar, situé à une trentaine de kilomètres du Jammu-et-Cachemire. Si aucune information officielle n'a encore été donnée sur l'identité des attaquants, un membre du contre-espionnage indien a déjà assuré à la presse locale que «les terroristes appartiennent au Lashkar-e-Taiba ou au Jaish e-Mohammed [groupes islamistes manipulés par les services secrets pakistanais, ndlr]».

Le précédent de l’hôtel de Bombay

En 2008, 173 personnes étaient tuées dans l’attaque d’un hôtel de luxe de Bombay par des membres du mouvement islamiste pakistanais Lashkar-e-Taiba. Ce groupe historiquement actif au Cachemire avait été utilisé par le passé par les services secrets d’Islamabad pour leur guerre à distance avec l’Inde. La libération du cerveau présumé de l’attaque, en avril, par les autorités pakistanaises avait déclenché la fureur de la diplomatie indienne.

Si l’implication des Pakistanais était avérée dans l’attaque de ce lundi, les efforts de paix fournis ces dernières semaines entre les deux poids lourds régionaux, détenteurs l’un et l’autre de l’arme nucléaire, pourraient s’en ressentir. Il y a deux semaines, le 10 juillet, on avait vu le Premier ministre indien, Narendra Modi, et son homologue pakistanais, Nawaz Sharif, se serrer la main lors d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai, en Russie, et convenir d’organiser une réunion à New Delhi entre les services de sécurité des deux pays pour traiter, justement, de la question du terrorisme. Une visite du Premier ministre indien à Islamabad était même envisagée pour l’an prochain.