Pour régler la question migratoire, Jason Buzi, un entrepreneur millionnaire de la Silicon Valley, s'est lancé dans un projet intitulé Refugee Nation et complètement utopique : le businessman qui a fait fortune dans l'immobilier veut en effet «créer» un Etat dans lequel pourraient vivre les réfugiés du monde entier. «Je trouve ça choquant que personne n'ait encore pensé à cela comme solution», explique Jason Buzi au Washington Post. «L'idée serait de leur donner un Etat, comme cela, ils auraient un endroit pour vivre en sécurité et pourront travailler comme tout le monde.»
Une idée qui paraît naïve, idéaliste, simpliste au premier abord. Mais le Washington Post s'est tout de même sérieusement posé la question. Les experts des questions migratoires interviewés ne rejettent pas totalement le projet, mais s'interrogent : les réfugiés voudront-ils migrer dans un pays où ils n'ont pas d'attaches ? Néanmoins, les derniers Etats créés artificiellement (le plus récent étant Israël, en 1948, par ailleurs pays d'origine de Jason Buzi) mènent souvent à des déplacements d'habitants et des violences. Pour Alexander Betts, directeur du centre d'études sur les réfugiés à l'université d'Oxford, il faudrait que «ce pays soit plus ou moins une sorte d'Eldorado». Un conseiller du gouvernement australien cité par le Huffington Post a, lui, totalement rejeté l'idée, considérant qu'elle revenait à traiter les réfugiés comme des «lépreux».
Rallier Angelina Jolie et acheter un bout de pays
Mais ces appréhensions ne stoppent pas Jason Buzi. Après avoir investi 10 000 à 15 000 dollars (entre 9 000 et 13 500 euros) pour faire parler de son projet (notamment via un site), le millionnaire veut rallier des milliardaires, des gouvernements ou des stars à sa cause. «Si vous avez par exemple Angelina Jolie qui vous supporte, cela va influencer et rallier de plus en plus de gens», argue-t-il. Il espère ainsi acheter un bout de pays où les habitants laisseraient les réfugiés vivre avec eux. Il parle ainsi de l'île de la Dominique, dans les Caraïbes, ou d'une île aux Philippines que quelqu'un lui aurait proposée : «Ce n'était pas tellement cher, en tout cas comparé aux prix des terrains ici à San Francisco.»
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jason Buzi semble n'avoir pas encore pensé son projet jusqu'au bout. Interrogé par le Washington Post sur les infrastructures politiques ou les questions de sécurité sociale, Buzi préfère répondre d'un sibyllin : «Pour le moment c'est comme rencontrer une fille lors d'un premier rendez-vous. Je ne vais pas d'ores et déjà réfléchir à comment je vais nommer mon futur enfant, non ?»
Un entrepreneur mégalo ?
L'homme derrière le projet pose tout de même question. Son autre fait d'armes s'appelle HiddenCash, une chasse aux trésors organisée dans plusieurs villes à travers le monde par l'équipe de l'entrepreneur qui cachait des enveloppes de cash et donnait des indications via Twitter. Aux internautes ensuite de se lancer à la poursuite du magot. L'excentrique magnat de l'immobilier présentait son jeu comme un geste simple de solidarité, ses détracteurs, eux, y voyaient plutôt des dizaines de personnes acharnées à trouver des billets de 50 euros, comme à Madrid, par exemple, commettant des incivilités dans le parc du Retiro pour finalement repartir bredouilles. Pour eux, HiddenCash était surtout une campagne faussement philanthrope d'un mégalo en quête de notoriété.