Le slogan publicitaire de San Nicolás de los Garza, dans le nord du Mexique, est «le meilleur endroit pour vivre». Mais la quantité d'ordures déposée hors des circuits prévus à cet effet fait mentir la devise : les services municipaux en ramassent 25 tonnes par jour. Le maire de cette ville de 440 000 habitants, en périphérie de Monterrey, la capitale économique du Mexique, a donc décidé d'employer la manière forte. Comme l'indique le site de la ville, les pollueurs récidivistes feront trente-six heures de cachot et leur nom et visage seront jetés en pâture à la population, en figurant sur des panneaux publicitaires géants, sous l'intitulé infamant «détenu parce que cochon».
Le maire, Pedro Salgado Almaguer, a fait voter son dispositif par le conseil municipal en mars. La première infraction donne lieu à une remontrance, la deuxième à une amende de 193 à 775 euros. La détention et l’affiche arrivent à la troisième alerte. Mardi, Jaime Antonio Molina Martinez est devenu le premier affiché de San Nicolas : il a balancé des déchets depuis sa voiture à trois reprises entre mai et juillet. Son portrait est désormais visible à un des carrefours les plus fréquentés de la ville.
Par la voix de sa présidente, la Commission des droits de l'homme de l'Etat du Nuevo León a dénoncé cet «acte cruel qui porte atteinte à l'intégrité de l'individu et de sa famille». La CEDH souligne que seul un juge a le droit de révéler l'identité d'un contrevenant. Le maire, élu du Parti d'action nationaliste (PAN, droite), se défend en mettant en avant «le droit de tous les habitants à vivre dans une ville propre».