Menu
Libération
Récit

Un étudiant britannique raconte son échange universitaire en Corée du Nord

Alessandro Ford, qui a passé six mois à Pyongyang, a fait part de son expérience au «Guardian».
Des étudiants nord-coréens profitant de la piscine de l'université Kim-Il-sung, à Pyongyang, en avril 2012. (Photo Pedro Ugarte. AFP)
publié le 30 juillet 2015 à 16h29

Un an d'échange universitaire pour les étudiants français rime souvent avec Erasmus, fête et découverte culturelle. Pour Alessandro Ford, un jeune Britannique de 18 ans, l'expérience a été quelque peu différente. Le jeune homme est le premier Occidental a être inscrit à l'université Kim-Il-sung, en Corée du Nord. Le quotidien britannique The Guardian l'a rencontré.

La vie à Pyongyang n'a rien d'un Erasmus classique. L'étudiant britannique, qui y a vécu d'août à décembre pour apprendre le coréen, s'attendait à faire l'objet d'une surveillance accrue, mais il reconnaît qu'elle devenait «parfois étouffante». Son seul contact avec l'étranger se résumait à dix minutes d'appel autorisé par semaine.

Alessandro Ford était libre, en revanche, de côtoyer ses camarades. En dépit de la barrière de la langue, «nous parlions d'un peu tout, mais toujours d'un point de vue nord-coréen», déclare-t-il. Le fossé culturel se fait sentir. Lorsque le Britannique fait découvrir le rap d'Eminem aux autres étudiants, ces derniers s'étonnent des paroles qui ne sont pas consacrées à la famille ni à la patrie. Côté cœur, la pudeur est de mise : «Les Nord-Coréens sont plus puritains. C'est une culture du "pas de sexe avant le mariage"», déclare Alessandro Ford, qui affirme également ne jamais avoir vu un couple s'embrasser lorsqu'il était sur place. Côté campus, les lieux étaient plutôt «spartiates», confie-t-il au Guardian, avec «toilettes à la turque, pas de douches» : pour se laver, les Nord-Coréens sont adeptes des bains collectifs.

Par ailleurs, le jeune homme a payé 3 000 livres (environ 4 288 euros) pour quatre mois à l'université, logement et nourriture inclus.

Pourquoi choisir la Corée du Nord ?

Si Alessandro Ford s'est lancé dans cet échange universitaire peu banal, c'est que la Corée du Nord faisait déjà partie de ses centres d'intérêt. Fils d'un ancien député européen ayant effectué plusieurs voyages diplomatiques à Pyongyang et militant pour davantage de communication avec l'Etat de Kim Jong-un, il avait déjà passé deux semaines en Corée du Nord quand il avait 15 ans. Lorsqu'il a commencé à parler d'échange universitaire, son père s'est amusé à brandir la menace d'un séjour en Corée du Nord s'il ne parvenait pas à se décider. C'est finalement la destination que le jeune homme a choisie.

Comme il l'a confié au Guardian, Alessandro Ford est «procommunication et pro-interaction» avec cet Etat mis de côté par la communauté internationale. Le jeune homme est convaincu que ce type d'échanges universitaires peut favoriser l'ouverture du pays sur le monde.