Menu
Libération

Au Burundi, «les prémices de la guerre»

publié le 4 août 2015 à 20h16

Œil pour œil, dent pour dent. C’est ce que laisse penser la tournure des événements au Burundi. Lundi soir, Pierre-Claver Mbonimpa, défenseur des droits de l’homme, a été blessé par balles dans la capitale, Bujumbura, alors qu’il rentrait chez lui. Son état de santé est stable. L’homme, âgé d’une soixantaine d’années, reste toutefois sous surveillance policière.

Ses proches s'inquiètent : «Nous craignons aussi qu'on tente de l'achever à l'hôpital, a expliqué Pacifique Nininahazwe, président d'une ONG à RFI. Son épouse, son fils nous disent qu'il pourrait y avoir une attaque.»

Pour les proches de cette figure notable de la société civile, cette tentative d’assassinat est liée au meurtre, dimanche, du chef de la Sécurité intérieure, Adolphe Nshimirimana, qui avait déjà fait craindre une montée des violences.

Dimanche, le journaliste Esdras Ndikumana, correspondant de l'AFP et de RFI, a été arrêté et tabassé par des membres du Service national de renseignement (SNR). L'International Crisis Group (ICG) a appelé mardi à une «réaction internationale urgente». «On constate un changement qualitatif dans la violence. On est passé des manifestations de rue à l'assassinat ciblé de personnalités de premier plan. On est entré désormais dans les prémices de la guerre», déclare Thierry Vircoulon, en charge de l'Afrique centrale pour ICG.

La mort d’Adolphe Nshimirimana intervient deux semaines après la victoire du contesté Pierre Nkurunziza à la présidentielle burundaise, avec 69 % des suffrages. L’annonce de la candidature pour un troisième mandat du chef de l’Etat sortant avait déclenché de violentes manifestations qui ont fait plus de 80 morts et provoqué, en mai, une tentative de coup d’Etat déjouée.