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Libération
Revue de presse

Prostituées et argent, les shaolins priés de s'expliquer

Shi Yongxin, l’abbé dirigeant le temple bouddhiste en Chine, est accusé de «débauche» et détournement de fonds. Une enquête a été ouverte.
Shi Yongxin et le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama, au temple Shaolin en août 2014. (Photo China Stringer Network. Reuters)
publié le 7 août 2015 à 13h03

Le temple Shaolin, fondé au Vsiècle et devenu depuis l'un des symboles du bouddhisme zen chinois, est d'autant plus célèbre qu'il est le théâtre de scandales répétés. Ce lundi, le Bureau des affaires religieuses de la province du Henan a déclaré vouloir enquêter sur plusieurs accusations à l'encontre de l'abbé Shi Yongxin, à la tête du temple depuis 1999. Un article du New York Times revient avec précision sur l'affaire.

Sous la direction de Shi Yongxin, Shaolin est devenu une véritable marque : les 24 millions de dollars annuels récoltés en tickets d'entrée ne suffisant pas, les moines tenaient leur boutique de produits dérivés avec assiduité, et partaient même en tournée à Las Vegas ou Hollywood pour faire la promotion de leur excellence en arts martiaux. En février, Shi Yongxin a dévoilé son dernier projet : un investissement de 297 millions de dollars dans un complexe en Australie, avec hôtel, académie de kung-fu et terrain de golf adjacents au temple.

Celui qui se veut «le pont entre le bouddhisme et le monde séculaire» est régulièrement accusé de concupiscence : en 2011, une descente de police l'aurait surpris sur le fait avec des prostituées, mais le service de communication du temple a affirmé que le moine ne faisait que des démonstrations de rites bouddhiques. En juillet 2013, lors d'une rénovation de routine, on aurait découvert des caméras cachées dans les pièces des occupantes féminines du temple. Le quotidien espagnol El Periódico publiait un mois plus tard le témoignage d'une femme affirmant être enceinte de l'abbé, et affirmait que Shi Yongxin possédait près de 3 milliards de dollars dans des comptes à l'étranger.

A ces rumeurs, le temple Shaolin répond qu'elles émanent de détracteurs voulant ternir la réputation du bouddhisme zen. Mais comme le rappelle le New York Times en citant un marchand du temple : «Cela ne peut qu'être bon pour les affaires.»