La «dangereuse escalade» dénoncée par le président ukrainien vient rappeler que ce conflit qui a déjà fait 6 800 morts en quinze mois peut se rallumer à chaque instant, au risque d’ébranler tout le continent. C’est aujourd’hui l’autre grand défi du couple franco-allemand. François Hollande et Angela Merkel sont, aux côtés de Vladimir Poutine, les parrains des accords de Minsk 2 signés le 12 février entre Kiev et les rebelles prorusses. Mais le cessez-le-feu demeure fragile et les autres points de l’accord restent pour l’essentiel lettre morte. Jour après jour, les séparatistes renforcent leur emprise. Armes et volontaires continuent d’arriver par la frontière avec la Russie, toujours aussi poreuse. Les sanctions américaines et européennes ont certes sérieusement touché une économie russe désormais en pleine récession. Elles seront maintenues tant que Moscou «ne respectera pas la souveraineté de l’Ukraine». Le Kremlin n’en continue pas moins à souffler le chaud et le froid. Un temps isolée pour sa «politique d’agression» en Ukraine dénoncée par Barack Obama, la Russie redevient incontournable en matière de sécurité internationale, notamment au Proche-Orient. Poutine, qui semble de plus en plus décidé à prendre ses distances avec Bachar al-Assad, est un partenaire essentiel pour une solution politique en Syrie. Le risque est donc bien réel de voir l’Ukraine sacrifiée dans le cadre d’un grand marchandage avec la Russie. Angela Merkel, qui a grandi dans l’ex-RDA, reste ferme malgré la pression des milieux d’affaires allemands. François Hollande est plus souple, mais le règlement du contentieux sur les Mistral lui redonne une marge de manœuvre vis-à-vis de Moscou. La crédibilité de Paris et de Berlin est en tout cas en jeu.
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