La ville chinoise de Tianjin, métropole portuaire de l'est du pays, vient d'être endeuillée par une série de puissantes déflagrations. Ces deux explosions viennent relancer la crainte d'un rejet de produits toxiques.
Comment sont survenues les explosions ?
Des pompiers ont été appelés mercredi soir pour intervenir sur l’incendie d’un entrepôt de produits chimiques dans une zone industrielle de Tianjin. Cette ville, qui compte 15 millions d'habitants, fait figure de l'une des plus grandes de Chine.
Deux gigantesques explosions se sont ensuite produites vers 23 h 30, heure locale. La puissance était telle que des immeubles situés à plusieurs kilomètres ont été endommagés. D’énormes boules de feu ont traversé la zone industrielle. Si la cause des déflagrations n'est pas encore connue, on sait toutefois que le site appartient à une entreprise spécialisée dans les produits chimiques très dangereux.
Combien y a-t-il eu de victimes et qui sont-elles ?
Cinquante personnes sont décédées, selon un bilan provisoire, à la suite des déflagrations. Au moins 17 des 50 morts sont des pompiers qui tentaient d’éteindre l’incendie initial. D’autres étaient des ouvriers qui dormaient dans des dortoirs avoisinants.
Plus de 700 blessés ont été hospitalisés, dont 70 se trouvaient toujours dans un état grave vendredi, d'après l'agence officielle Chine Nouvelle.
Quelle est l’étendue des dégâts ?
Selon les médias chinois, environ 10 000 voitures importées, stockées près du site des déflagrations, ont été détruites. Des rangées de conteneurs ont été écrasées et des immeubles réduits en décombres.
Les déflagrations ont été très violentes : des vitres ont volé en éclats à trois kilomètres de l’entrepôt. Jusqu’à un kilomètre à la ronde, des façades ont été endommagées et montraient des traces de brûlures.
Jusqu’à 6 000 personnes ont dû être relogées jeudi dans des écoles à cause des dégâts subis par leur habitation.
[ Les gigantesques explosions à Tianjin à travers... ]
par libezap
Quelle a été la réponse du gouverment ?
Les autorités ont du mal à éteindre complètement les incendies, qui faisaient toujours rage vendredi, et à déterminer exactement quels produits se trouvaient sur place. Les pompiers et les secouristes recherchent toujours des dizaines de disparus. Un soldat du feu a été extirpé encore vivant des débris ce vendredi matin.
Si des voix se sont élevées pour dénoncer des censures, les autorités tentent d’étouffer les critiques sur leur gestion de la crise. En premier lieu, certains commentaires postés sur Internet ont été supprimés.
Des membres de la direction de l’entreprise gestionnaire de l’entrepôt, la Tianjin Dongjiang Port Rui Hai International Logistics, ont été interpellés jeudi.
Quelles sont les craintes ?
Des particules chimiques dangereuses pourraient flotter dans l’air, et l’entrepôt pourrait encore laisser s’échapper des produits dangereux, faisant naître des risques de nouvelles détonations.
La personne chargée de l'environnement à la municipalité de Tianjin a assuré jeudi que des particules chimiques nuisibles avaient été détectées dans l'air mais pas «à des niveaux excessivement élevés». Aucune précision sur leur nature n'a été apportée.
Une équipe de 217 militaires spécialistes des armes nucléaires, bactériologiques et chimiques a par ailleurs été déployée pour tester la qualité de l'air et procéder aux opérations de nettoyage. Pourtant, un spécialiste de l'environnement a expliqué lors d'une conférence de presse officielle vendredi que les niveaux de gaz toxiques étaient revenus à la normale et que l'air était «sûr pour les habitants».
A l'inverse, le journal les Nouvelles de Pékin a rapporté, en citant des producteurs industriels, qu'au moins 700 tonnes de cyanure de sodium étaient entreposées sur le site, et que des doses de cette substance hautement toxique avaient été relevées dans les eaux usées des environs. Vendredi, cet article alarmiste n'était plus disponible sur l'Internet chinois, ce qui ravivait les spéculations.
Le responsable municipal chargé de la sécurité au travail a expliqué que si les autorités ne savent pas exactement ce que contenait l’entrepôt, c’était à cause des défaillances de l’entreprise.