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Libération
Récit

Le très médiatique anniversaire de Fidel Castro

A la veille de la visite de John Kerry, l'ancien dirigeant cubain a fêté ses 89 ans en compagnie des présidents de Bolivie et du Venezuela. Et publié dans la presse des «réflexions» très antiaméricaines.
Les présidents Nicolàs Maduro (Venezuela) et Evo Morales (Bolivie) dans un van avec Fidel Castro, à La Havane, le 13 août. (Agencia Boliviana de Informacion / REUTERS)
publié le 14 août 2015 à 12h31

Ils ont l’air un peu entassés dans le combi, mais ravis d’être sur la photo. Pour fêter les 89 ans de Fidel Castro, deux chefs d’Etat amis de Cuba ont fait le déplacement jeudi à La Havane : le président bolivien Evo Morales et son homologue vénézuélien Nicolás Maduro. Sur la banquette arrière, on aperçoit, à droite, Dalia Soto Del Valle, épouse du «Lider Maximo», et Cilla Flores, madame Maduro. Morales est, pour sa part, célibataire.

Les deux présidents avaient rendez-vous chez Fidel, mais surprise, le vieux révolutionnaire s'est déplacé jusqu'à leur hôtel avant de les amener jusqu'à son domicile, dont on commence à connaître la déco kitsch par cœur : François Hollande s'y était rendu le 11 mai, pour une visite très critiquée. La rencontre a duré «plus de cinq heures», s'est félicité le président bolivien. Le site de Granma, le quotidien du Parti communiste cubain, offre une imposante galerie de photos de cette journée historique : Evo Morales offre à son hôte un portrait de Che Guevara, Maduro lui remet des espèces végétales (Castro est féru de botanique) et tout le monde trinque, semble-t-il, à la bière.

Détourner l'attention du voyage de Kerry à La Havane

Fidel Castro a en outre marqué la journée en publiant, toujours dans Granma, une nouvelle page de ses Réflexions, pensées personnelles qu'il livre périodiquement (le précédent billet remonte au mois de mars). Intitulé la Réalité et les rêves, le texte rappelle les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki et oppose les Etats-Unis, «dont le territoire et les industries avaient été épargnés par la guerre», à la Chine et à la Russie, qui «à elles deux avaient perdu plus de 50 millions de vies et subi d'énormes destructions matérielles». Conséquence : «Presque tout l'or du monde alla atterrir dans les coffres des États-Unis», qui «émergèrent comme le pays le plus riche et le mieux armé de la Terre face à un monde détruit, rempli de morts, de blessés et d'affamés». Le texte intégral est consultable en français.

L'importance donnée par les médias d'Etat cubains (les seuls autorisés) à l'anniversaire de l'ancien dirigeant, qui a cédé le pouvoir en 2006, pour raisons de santé, à son frère Raul Castro, peut s'expliquer par une volonté de détourner l'attention du voyage de John Kerry à La Havane. Ce vendredi, le secrétaire d'Etat américain doit rouvrir l'ambassade des Etats-Unis, fermée en 1961, par un symbolique lever de drapeau.