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Quand Cuba inventait son calendrier

Tout le monde ou presque sait s’il est né sous le signe (chinois) du chien, du tigre ou du cochon. Plus rarement s’il est de l’année de l’Agriculture, du Viet-Nam héroïque ou du IIIe Congrès. A moins d’être Cubain.
publié le 14 août 2015 à 16h45

Dès leur arrivée au pouvoir, en 1959, les rebelles commandés par Fidel Castro et Ernesto Che Guevara décident qu'aux temps nouveaux doit correspondre un nouveau calendrier. Sans aller aussi loin que le calendrier républicain de la Révolution française, en 1792, qui rebaptise les jours et les mois, il donne à chaque année un nom qui indique dans quel domaine doivent porter les efforts du pays. Chaque mois de janvier, une phrase se faisait (oralement) virale à Cuba : «Cual es el lema ?» (quelle est la devise ?). Chacun était censé connaître l'intitulé annuel, indispensable en tête de tout courrier officiel.

Pendant les premières années, la liste témoigne des priorités d’une société en construction : l’agriculture, l’éducation ou l’industrie issues de l’ancien régime sont à réinventer. Quand la révolution se consolide, elle regarde ailleurs et cherche à s’exporter. Vient ensuite le temps de l’autocélébration, avec un goût baroque pour les célébrations, anniversaires et commémorations. Et puis l’inspiration s’épuise, on opte pour la facilité et on se contente d’un nom générique : «l’année 20 de la victoire» ou «année 52 de la Révolution».

En cette «année 57 de la Révolution», la pratique est quasiment tombée dans l’oubli, la devise n’apparaît plus comme jadis à la une des journaux ou dans les documents officiels. A moins d’un sursaut : pourquoi ne pas décréter 2016 «année de l’amitié avec le peuple des Etats-Unis» ?