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La Grèce adopte son troisième plan d'aide

Le Parlement grec a adopté ce matin son troisième programme d’aide, qui doit être décidé ce vendredi par l’Eurogroupe.
Alexis Tsipras plaide pour l'adoption du troisième plan d'aide à la Grèce, le 14 août 2015 face aux députés à Athènes (Photo PANAYIOTIS TZAMAROS. AFP)
publié le 14 août 2015 à 7h51
(mis à jour le 14 août 2015 à 15h01)

Le nouveau plan d'aide international à la Grèce, le troisième depuis 2010, a été adopté vendredi à l'issue d'un débat-marathon au parlement marqué par la défection de très nombreux députés de Syriza. Ce nouveau plan sera examiné dans l'après-midi par l'Eurogroupe, et par l'Allemagne en particulier.

Le projet de loi, 400 pages mêlant mesures budgétaires et réformes structurelles, en échange de 85 milliards d'euros de prêts à verser sur trois ans, a recueilli l'approbation de 222 parlementaires sur 300, 64 votant contre, 11 s'abstenant.  Un score obtenu grâce à quelque 120 voix apportées par l'opposition, et par l'allié de la gauche Syriza au sein de la coalition au pouvoir, le parti de droite souverainiste ANEL.

Mais jusqu'à 47 députés Syriza sur 149, selon un décompte encore officieux, n'ont pas suivi Alexis Tsipras. Un revers interne pour le Premier ministre, qui a affirmé n'avoir pas eu «d'alternative» à la signature de ce plan, et déclaré que celui-ci assurerait à la fois «la survie du pays et la poursuite du combat».

Le texte a été adopté après près de 24 heures de discussions ininterrompues au Parlement, la pointilleuse présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou, députée Syriza fermement opposée à l’accord, ayant mené une véritable guérilla de procédure, Constitution grecque et règlement du Parlement en main. Au risque de faire manquer à Athènes le coche de l’Eurogroupe qui se réunit à Bruxelles à 15 heures (heure française).

Un «vote encourageant» pour la Commission

Le vote du Parlement permet à Athènes de se présenter en bonne posture à Bruxelles après un mois de collaboration dans l'élaboration du plan avec ses créanciers (UE, FMI, BCE et Mécanisme européen de stabilité). Les ministres des Finances de la zone euro doivent donner leur accord politique au projet vendredi. «Nous considérons comme encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec et sommes confiants dans le fait qu'(obtenir) un résultat positif est tout à fait faisable aujourd'hui» lors de la réunion de l'Eurogroupe prévue dans l'après-midi, a salué une porte-parole de la Commission européenne vendredi.

La Grèce espère désormais un premier versement d’une vingtaine de milliards d’euros dans les prochains jours. Cela lui permettrait notamment d’honorer à temps un remboursement essentiel de 3,2 milliards d’euros (plus 200 millions d’euros d’intérêts) à la BCE, le 20, et de rembourser les fournisseurs de l’Etat qui n’ont pas été payés depuis des mois.

Le très écouté ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, a cependant annoncé avoir «des questions» à poser, et serait favorable au versement à Athènes d'un simple «prêt-relais» pour payer la BCE, afin de prendre encore du temps pour étudier l'accord, et, surtout, essayer d'imposer des conditions complémentaires. Alexis Tsipras a rejeté cette idée, assurant qu'un prêt-relais «que certains cherchent systématiquement», serait «le retour à une crise sans fin».

Rupture consommée avec l’aile gauche de Syriza

Pour compliquer encore la situation, le FMI a clairement indiqué jeudi qu'il ne participerait au financement du plan que si les Européens prennent prochainement «des décisions» sur un allègement de la dette grecque qu'ils détiennent en grande partie, et que le FMI juge insoutenable à son niveau actuel de 170% du PIB. De quoi embarrasser les Européens, Allemagne surtout, qui tout à la fois exigent la participation du FMI au plan d'aide, mais ne veulent pas perdre d'argent en allégeant la dette grecque. Le gouvernement allemand a toutefois montré, au cours des dernières semaines, des signes d'alignement sur la position du FMI.

Alexis Tsipras va devoir par ailleurs donner une réponse à la rupture consommée avec l'aile gauche de son parti. La présidente du Parlement a annoncé qu'elle «ne soutiendrait plus» un premier ministre «qui a rejoint la cohorte de ses prédécesseurs ayant accepté les memorandums, en jetant ses camarades aux chiens». «Ca me fait mal», a-t-elle dit.

Ses intentions pour la suite ne sont pas claires, contrairement à celles de l'ancien ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis, leader de la Plateforme de gauche de Syriza, et partisan du retour à la drachme, qui va créer un mouvement contre l'accord, probable amorce d'un nouveau parti. Le gouvernement a pris acte de cette «séparation des chemins».

La presse grecque estimait vendredi que le Premier ministre devrait solliciter prochainement un vote de confiance. Dans ce climat, la perspective d’élections anticipées à l’automne, alors qu’il est toujours très populaire, prend de plus en plus de corps.