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Libération

Des «œuvres sataniques» prises d’assaut

publié le 16 août 2015 à 21h46

L’exposition «Les sculptures que nous ne voyons pas», consacrée aux Soviétiques n’ayant pas reçu les honneurs du régime, n’a pas vraiment plu au collectif Volonté de Dieu à Moscou. Vendredi, une dizaine de ces activistes ont vandalisé quatre sculptures de l’artiste Vadim Sidour qui y étaient exposées.

C'est une représentation «indécente» de Jésus-Christ qui a échauffé les militants. «Les gens ont commencé à appeler pour dire qu'il se passait là-bas quelque chose d'inadmissible. Nous y sommes allés, avons vu de nos propres yeux et avons ensuite appelé la police», raconte à Bfm.ru Dmitriï Tsorionov, qui se fait appeler Dmitriï «Enteo», pour expliquer les raisons de son incursion tonitruante au Manège. Le jeune barbu, fondateur du mouvement, accuse la salle d'exposition, située près de la place Rouge, d'avoir commis «un acte de blasphème sans précédent» : «Ce sont des œuvres sataniques faites par des pervers. Je n'avais jamais rien vu d'aussi dégoûtant de ma vie.»

D’après lui, l’exposition porterait atteinte aux croyants, un délit en Russie depuis la loi adoptée en 2013, en réaction à l’action des Pussy Riot dans la cathédrale du Christ-Sauveur. Un texte régulièrement utilisé pour «faire le ménage» dans la sphère culturelle.

La direction du Manège, elle, est sans voix. «Les vandales prévoyaient de tout détruire», a commenté sa représentante, Elena Karneïeva. Le président du Conseil pour les droits de l'homme, Mikhaïl Fedotov, a comparé l'action du collectif Volonté de Dieu à celles menées par l'Etat islamique. L'Eglise orthodoxe, de son côté, a préféré ne pas prendre position, condamnant avec mansuétude l'action du mouvement tout en appelant le Manège à se mettre en conformité avec la loi.