Une puissante bombe a ébranlé le centre de Bangkok, près d’un sanctuaire hindouiste très fréquenté par les touristes, lundi soir, faisant au moins 18 morts, dont quatre étrangers, et 81 blessés, selon un bilan provisoire du gouvernement.
La bombe, placée sur une moto stationnée près du sanctuaire Erawan, dans le quartier commercial de la capitale, était constituée de 5 kilos de TNT, selon Somyot Poompanmoung, chef de la police thaïlandaise. Le général Prawit Wongsuwan, vice-Premier ministre et ministre de la Défense, a affirmé peu après que les organisateurs de l'attentat visaient les touristes étrangers. «Il est clair que ceux qui ont fait cela visaient à détruire l'économie et le tourisme, parce que l'attentat a eu lieu au cœur du quartier d'affaires de Bangkok», a-t-il déclaré. Alors que Bangkok, qui n'avait jamais subi un tel attentat, était en état de choc, Prayuth Chan-ocha, le chef de la junte qui dirige le pays depuis le coup d'Etat du 22 mai 2014, a nié qu'il avait déclaré l'état d'urgence, comme indiqué par certains médias locaux. L'attentat n'a pour l'instant pas été revendiqué. Plusieurs hypothèses sont possibles, mais aucun élément ne permet de favoriser l'une d'entre elles.
L’extrême sud de la Thaïlande est en proie à une insurrection séparatiste musulmane récurrente qui s’est fortement intensifiée depuis 2004. Cette rébellion ethno-nationaliste (les habitants du Sud sont à 80 % des Malais musulmans) a causé la mort de 6 500 personnes dans la dernière décennie lors d’attentats à la bombe ou de fusillades. Toutefois, les rebelles séparatistes n’ont jamais étendu leur action au-delà de la région du sud. S’il s’avère qu’ils sont derrière l’attentat de lundi, cela constituerait un changement radical de stratégie, indiquant que les séparatistes veulent internationaliser leur campagne contre le gouvernement central.
Deuxième hypothèse : l’attentat pourrait être lié à la situation tendue dans laquelle se trouve le royaume depuis le coup d’Etat de 2014. La junte, qui a fortement restreint les libertés publiques et essaie de mettre en place une constitution qui limiterait le poids des politiciens élus, fait face à une résistance de plus en plus forte.
Une troisième possibilité, peu évoquée dans les médias locaux, serait celle d’une faction militaire - ou même policière - rivale du groupe de généraux qui contrôlent le pays. Le général en chef de la junte et Premier ministre, Prayuth Chan-ocha, a placé des officiers qui lui sont fidèles à l’ensemble des postes de commandement, marginalisant notamment une autre faction puissante nommée Wongtewan.