Le colonel Jean Bikomagu en mars 1994. Photo STR New. Reuters.
Dimanche, Nkosazana Dlamini Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine, a exprimé son inquiétude quant à la tournure des événements au Burundi, aussi bien pour le pays que pour l’ensemble des pays voisins. La veille, le colonel Jean Bikomagu avait été assassiné à la mi-journée alors qu’il rentrait à son domicile dans le quartier de Kabondo, à Bujumbura, la capitale. Ex-chef d’état-major de l’armée burundaise, le colonel Bikomagu était une figure importante du camp tutsi, en guerre de 1993 à 2006 contre la rébellion hutue, aujourd’hui au pouvoir avec le parti CNDD-FDD du président Pierre Nkurunziza. Les assaillants du colonel, qui ont ouvert le feu sur sa voiture avant de prendre la fuite, n’ont pas été identifiés, précise l’AFP. Sa fille a été grièvement blessée.
La mort du colonel Jean Bikomagu, ex-figure des Forces armées burundaises (FAB), apparaît comme une triste réponse au meurtre le 2 août du général Adolphe Nshimirimana, ex-chef des forces sécuritaires du pays et proche du président Nkurunziza. Dès le lendemain, la tension était montée d'un cran avec la tentative d'assassinat d'une figure importante de la société civile, Pierre-Claver Mbonimpa, défenseur des droits humains au Burundi.
L'évolution de la situation fait craindre une montée des violences dans le pays où la guerre civile avait entraîné la mort de près de 300 000 personnes. L'Union africaine (UA) a lancé une mise en garde dimanche sur les potentielles «conséquences catastrophiques» au Burundi et dans la région en cas d'échec d'un règlement pacifique de la crise. Sa présidente Nkosazana Dlamini Zuma a donc appelé toutes les parties «à la plus grande retenue».
Depuis fin avril, le Burundi est en proie à une crise politique déclenchée par la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat, qu'il a finalement remporté le 21 juillet. La Constitution, largement inspirée des accords d'Arusha signé en août 2000 pour mettre fin à la guerre, ne lui permettait pas de se représenter pour un troisième mandat. Mais il avait argué que sa première élection, en 2005, n'entrait pas en ligne de compte, car il avait été désigné par le Parlement, et non le suffrage populaire.