Trois hommes suspectés d’être impliqués dans le meurtre de deux blogueurs assassinés au Bangladesh ont été arrêtés lundi soir à Dacca, la capitale. Touhidur Rahman, Sadek Ali et Aminul Mallick seraient des membres du groupe islamiste Ansarullah Bangla Team (ABT), interdit depuis le mois de mai.
Cité par l'AFP, le major Maksudul Alam, porte-parole du Bataillon d'action rapide (BAR), affirme que l'un des suspects, Touhidur Rahman, serait un ressortissant britannique d'origine bangladaise. L'homme âgé de 58 ans aurait planifié les meurtres des blogueurs Ananta Bijoy Das et Avijit Roy. Les forces de sécurité ont identifié Rahman comme le «principal financier» du groupe ABT.
Depuis le début de l’année, quatre blogueurs connus pour leur position laïque ont été assassinés à coups de machettes. Première victime, en février, Avijit Roy, citoyen américain d’origine bangladaise, fondateur du site Mukto-Mona (Libre pensée); sa femme, Rafida Bonya Ahmed, blogueuse également, était grièvement blessée. En mars, le blogueur Washiqur Rahman a subi le même sort, après avoir exprimé son indignation sur les réseaux sociaux suite à la mort d’Avijit Roy. En mai, Ananta Bijoy Das qui écrivait pour le site Mukto-Mona était poignardé.
La semaine dernière, la police avait déjà annoncé l'arrestation de deux individu suspectés d'appartenir aussi au groupe ABT, dans le cadre du meurtre d'un autre blogueur, Niloy Chakrabarti. L'homme qui écrivait sous le pseudonyme de Niloy Neel a été tué le 8 août à son domicile de Dacca.
Ces arrestations interviennent alors que les autorités de Dacca, critiquées pour n’avoir pas sur prévenir ces assassinats, tentent de déjouer les actions des groupes islamistes. Le Bangladesh est un Etat laïc de 160 millions d’habitants dont près de 90% sont musulmans.
La plupart des blogueurs qui militent en faveur de la laïcité sont passés dans la clandestinité et se cachent sous des pseudonymes. Au moins sept d'entre eux ont fui à l'étranger. Ils feraient tous partie d'une liste noire de personnes à abattre.
Des écrivains comme Salman Rushdie et Margaret Atwood ont adressé récemment une pétition à Sheikh Hasina, Première ministre du Bangladesh, pour «éviter une répétition des événements tragiques de ces trois derniers mois, et pour traduire en justice les auteurs».