Avec l’annonce de sa démission ce jeudi soir, Aléxis Tsípras met fin à un mandat entamé sept mois plus tôt, le 25 janvier. Elu sur la promesse de mettre fin à plusieurs années d’austérité, le gouvernement de coalition mené par le parti de gauche Syriza a fini, en juillet, par capituler face à ses créanciers, et à accepter un troisième plan d’aide en échange de nouvelles mesures d’austérité – pourtant refusées par référendum. Retour, en quelques dates, sur le mandat d’Aléxis Tsípras.
25 janvier : le parti de gauche Syriza remporte les élections législatives en Grèce, une victoire promise de longue date après plusieurs années d'austérité. «Aujourd'hui, nous avons mis fin à l'austérité», clame le victorieux Aléxis Tsípras, 41 ans. Manquant de deux sièges la majorité absolue (149 sièges sur 300), il s'allie au parti de droite nationaliste Anel pour gouverner.
1er février : Le nouveau ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, entre en scène. Très vite, son comportement déplaît à ses 18 homologues de l'Eurogroupe, l'institution réunissant les ministres des Finances de la zone euro. Yanis Varoufakis veut renégocier la dette de son pays, insoutenable en l'état, mais se heurte à une fin de non-recevoir : les institutions européennes veulent que la Grèce poursuive les programmes mis en place sous les gouvernements précédents.
27 février : De réunions en réunions, un accord est finalement trouvé pour prolonger le deuxième programme d'aide à la Grèce jusqu'au 30 juin. D'ici-là, afin de toucher une nouvelle aide par la suite, Athènes devra présenter des propositions de réformes. Ce qui est fait le 27 mars, mais elles ne conviennent pas à l'Eurogroupe.
30 avril : Le gouvernement Syriza fête ses 100 jours de pouvoir. A son actif, il peut au moins se targuer d'avoir fait voter une loi humanitaire pour les plus pauvres, d'avoir fermé les camps de rétention où étaient enfermés les migrants, d'avoir lancé un audit de la dette du pays, et d'avoir créé un ministère pour lutter contre l'évasion fiscale.
25 juin : Après plusieurs allers-retours, la Commission européenne, présidée par Jean-Claude Juncker, soumet au gouvernement grec une liste de réformes à adopter pour obtenir un nouveau plan d'aide. «Ce n'est pas un paquet d'austérité stupide», dit Jean-Claude Juncker, mais c'est tout de même de l'austérité : il est demandé de reporter l'âge de départ à la retraite à 67 ans, d'augmenter la TVA, de supprimer les compléments de solidarité pour les petites retraites… Jugeant la proposition inacceptable, le gouvernement grec organise un référendum le 5 juillet.
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5 juillet : Les Grecs disent massivement non, à 61%, aux réformes demandées par les créanciers. C'est l'heure de gloire d'Aléxis Tsípras, qui est le héros de son pays : il a maintenant l'appui du suffrage populaire pour reprendre les discussions et les faire peser dans son sens, notamment sur le point crucial de la renégociation de la dette. Jugé insupportable par ses homologues de l'Eurogroupe, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, démissionne à la demande du Premier ministre. Il est remplacé par Euclide Tsakalotos, réputé plus conciliant.
13 juillet : Une semaine plus tard, et après de nouveaux rebondissements, Tsípras paraphe pourtant un accord avec ses partenaires européens, qui consiste presque exactement en ce qui avait été refusé par référendum. Ce n'est pas l'accord qu'il voulait, admet-il déjà, mais il lui permettra au moins de renégocier la dette à partir de l'automne. Deux jours plus tard, le Parlement grec doit se dépêcher d'adopter les premières mesures.
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Syriza commence alors à se fissurer : les députés les plus à gauche du parti reprochent à Tsípras d'avoir capitulé face aux créanciers. Ils seront de plus en plus nombreux à s'opposer aux textes soumis par le gouvernement, jusqu'au 14 août : ils sont alors 32 à voter contre, et 11 à s'abstenir, sur le troisième plan d'aide à la Grèce, d'un montant de 86 milliards d'euros sur trois ans. La veille, l'ancien ministre de l'Energie, Panayiotis Lafazanis, qui a démissionné du gouvernement, s'est dit prêt à créer un nouveau mouvement politique pour porter l'opposition à ce nouveau mémorandum.
Privé de sa majorité, obligé de compter sur les voix de l’opposition sociale-démocrate et conservatrice pour faire adopter ses textes, Aléxis Tsípras décide donc, le 20 août, de remettre son mandat en jeu et d’organiser de nouvelles élections pour se constituer un nouveau gouvernement.