Ken Loach et Wim Wenders ainsi que les cinéastes russes Alexandre Sokourov et Nikita Mikhalkov avaient protesté contre son arrestation. Mardi, le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov, 39 ans, a été condamné à vingt ans de détention pour «terrorisme» par le tribunal de Rostov-sur-le-Don, une grande ville du sud de la Russie, proche de l'Ukraine. Son coaccusé, Alexandre Koltchenko, un jeune anarchiste de 26 ans, prend dix ans. Les deux avaient été enlevés en Crimée quelques semaines après l'annexion de cette péninsule ukrainienne par la Russie et conduits en prison en Russie. Où les autorités leur ont collé de force la nationalité russe pour mieux les juger. «Je ne suis pas un serf pour être transféré avec la terre», s'était indigné Sentsov. Ils ont été reconnus coupables d'avoir posé des engins explosifs artisanaux sur des symboles russes. A la base de ce «jugement», les aveux de deux jeunes, condamnés il y a quelques mois à sept ans de prison, bien qu'ils aient protesté de leur innocence et révélé qu'ils avaient été torturés, comme l'ont d'ailleurs été Sentsov et Koltchenko. Ces derniers ont été accusés d'avoir organisé une cellule de Pravy Sektor, ce groupe d'extrême droite qui sert de prétexte à Moscou pour accuser l'Ukraine de fascisme, alors que Koltchenko est connu comme un antifa. La présence assidue de Sentsov sur les barricades de la révolution de Maïdan à Kiev n'est sans doute pas étrangère au traitement qui lui a été réservé. Son enlèvement était avant tout un avertissement aux Ukrainiens de Crimée. Une bonne partie de ceux qui ont refusé cette annexion ont d'ailleurs quitté la région. A Paris, l'association Russie-Libertés a dénoncé «ce verdict de la honte qui symbolise l'absence d'Etat de droit en Russie».
20 ans de prison : procès kafkaïen pour le cinéaste ukrainien Sentsov
publié le 25 août 2015 à 19h36
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