Menu
Libération
Éditorial

Face aux ambassadeurs, Hollande en chef de la diplomatie

publié le 25 août 2015 à 18h46

Tous les ans, dans les derniers jours d’août, tous les ambassadeurs français se réunissent à Paris pour une conférence introduite par un discours du chef de l’Etat qui dresse un état du monde et fixe les grandes priorités de la diplomatie hexagonale. Cet exercice aussi rituel qu’obligé prend cette année un relief particulier. Paris accueille en décembre la COP 21, la plus grande conférence jamais organisée sur la lutte contre le réchauffement climatique, avec plus de 20 000 délégués et autant d’invités.

«Nous avons le devoir de réussir», a rappelé mardi François Hollande, dans un discours largement consacré aux nouveaux défis avec des mouvements migratoires, y compris vers l'Europe, «d'un niveau inégalé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale» et la menace d'un terrorisme «qui n'a jamais atteint ce niveau de barbarie, ni cette gravité depuis des décennies». «Daech [l'acronyme en arabe du groupe Etat islamique, ndlr] est le plus grand danger. Cette organisation contrôle un vaste territoire, […] dispose de ressources importantes liées à des trafics de toutes sortes, a des ramifications sur l'ensemble du globe», a souligné le chef de l'Etat, rappelant que le combat pour la sécurité se mène autant à l'intérieur des frontières qu'à l'extérieur. «Face au terrorisme, le recours à la force est nécessaire», a-t-il assuré, citant l'intervention au Mali tout en précisant que «l'engagement militaire ne sera jamais, à lui seul, suffisant, car le terrorisme se nourrit de chaos politique».

Dans le cas syrien, emblématique, il a dénoncé la longue suite de manquements de la communauté internationale, surtout après que le régime eut utilisé l'arme chimique contre sa population. Une inaction qui «a coûté cher». «Daech, qui n'existait pas sous cette forme en Syrie, s'est installé et Bachar al-Assad continue à massacrer son peuple», a souligné Hollande qui, constant et cohérent, appelle encore une fois à «une transition politique» dont la première condition est la «neutralisation» d'Al-Assad. Le Conseil de sécurité a fait une déclaration commune mais il ne s'agit que d'un premier pas.

«Le terrorisme menace tous les acteurs de la région et toutes les puissances», a insisté le président français, pour qui il ne peut y avoir de solution sans un accord entre toutes les parties, dont les parrains du régime syrien, la Russie et plus encore l'Iran. Paris soutient l'accord sur le nucléaire, «une avancée majeure». «La possibilité d'une nouvelle relation avec l'Iran s'ouvre. Elle suscite des espoirs qui ne doivent pas être des illusions», a relevé François Hollande, convaincu de la nécessité «d'associer l'Iran à la résolution des crises qui ravagent la région». Lucide, il n'en rappelle pas moins : «Encore faut-il que l'Iran soit prêt à devenir un acteur constructif comme sa place, son histoire et sa culture le justifient.» François Hollande ne s'était jamais vraiment intéressé aux relations internationales avant son arrivée à la présidence. C'est un exercice où désormais il excelle.