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Libération
Récit

Jorge Ramos, le journaliste latino qui tient tête à Donald Trump

Agacé par une question sur les expulsions d'immigrants, le milliardaire aspirant à la Maison Blanche a fait expulser d'une conférence de presse le présentateur vedette de la chaine hispanique Univision.
Mardi à Dubuque (Iowa), le journaliste Jorge Ramos a été momentanément chassé de la conférence de presse télévisée de Donald Trump par un vigile. (Photo Ben Brewer.Reuters)
publié le 26 août 2015 à 15h58

Sur son compte Twitter, Jorge Ramos se définit comme «immigrant, journaliste, présentateur». Presque tous les soirs, depuis 1986, ce Mexicain est aux commandes de Noticiero Univision, le journal du soir de la principale chaîne de télévision en espagnol des Etats-Unis, regardée par la majorité des 55 millions de latinos du pays, et aussi dans une grande partie de l'Amérique latine.

Mardi soir, beaucoup d'Américains non hispanophones ont découvert son physique télégénique : œil bleu, tempes argentées, silhouette remarquablement affinée, à 57 ans. Lors d'une conférence de presse dans l'Iowa, Donald Trump, candidat à l'investiture républicaine pour la Maison Blanche, a vu rouge quand Ramos s'est levé pour poser une question. Avant de le laisser finir, le milliardaire s'est écrié : «Asseyez-vous, je ne vous ai pas donné la parole !» Puis : «Assis ! Assis ! Retournez à Univision !» Avant qu'un vigile ne vienne pousser fermement le journaliste vers la sortie, devant des confrères passifs, occupés à filmer la scène avec leurs smartphones.

Devant l'embarras d'autres journalistes, Trump autorise finalement le Mexicain à revenir dans la salle et répond à ses questions. «Comment allez-vous construire un mur de plusieurs milliers de kilomètres à la frontière ?» «Très facile, je suis constructeur. C'est plus difficile de bâtir un immeuble de 95 étages.» «Comment pensez-vous expulser 11 millions de personnes ? En utilisant l'armée ?» «Ça se fera de façon très humaine. J'ai davantage de cœur que vous.»

Miss Univers

Dans son journal du soir comme dans Al Punto, son magazine hebdomadaire, Jorge Ramos a dénoncé les saillies racistes de Trump, qui affirmait, en juin, en annonçant sa candidature : «Le Mexique nous apporte de la drogue, du crime et des violeurs.» Mais le différend entre le milliardaire et le conglomérat Univision est aussi d'ordre financier, et Trump ne s'est pas privé de le reprocher à son interlocuteur, mardi.

Il réclame en effet 500 millions de dollars (440 millions d’euros) à titre de dédommagement à Univision après la décision de la chaîne de ne plus diffuser le concours de Miss Univers, dont Trump est le propriétaire. Si l’Amérique latine s’en détournait, le concours n’aurait plus grand sens : parmi les dix dernières gagnantes figurent trois Vénézuéliennes, une Mexicaine, une Portoricaine et une Colombienne, la reine en titre Paulina Vega. Le sujet n’est pas étranger à Jorge Ramos, puisqu’il partage la vie d’une ancienne reine de beauté vénézuélienne, Chinquiquirá Delgado, devenue présentatrice sur Univision.