CLIMAT: LE COMPLOTISTE DÉLIRANT
Son credo, comme la plupart des candidats républicains : surfer sur le climatoscepticisme. Dans un tweet du 6 novembre 2012, il dit : «Le concept du changement climatique a été créé par et pour les Chinois pour rendre l'industrie américaine non compétitive.» Donald-la-science remet ça, le 2 janvier 2014 : «Cette très coûteuse connerie de réchauffement climatique doit s'arrêter. Notre planète gèle.» Puis, un mois plus tard : «Notre pays doit-il dépenser de l'argent pour ce canular ?» En février, il ose : «Le comité des Nobel devrait retirer le prix de la paix à Al Gore.» On attend avec impatience la prochaine «Trumperie», alors que la Californie connaît une sécheresse historique et que la planète a battu un record de chaleur pour les sept premiers mois de 2015.
Complot toujours, quand il tweete que, selon une «source extrêmement crédible», «l'acte de naissance de Barack Obama est un faux» : il ne serait pas né aux Etats-Unis. Obama a alors dévoilé son acte de naissance et ironisé : Trump va pouvoir recommencer à s'intéresser «aux questions importantes : avons-nous vraiment conquis la Lune ? Que s'est-il réellement passé à Roswell ?»
Complot malgré lui, enfin, quand il tweete, sous le mot-clé #MakeAmericaGreatAgain, une image de lui, sur fond de drapeau américain, avec une photo de… Waffen SS. Erreur d’un stagiaire, s’est défendu son équipe.
IDÉOLOGIE: LE RACISTE INVÉTÉRÉ
Mardi, Trump n'a pas apprécié les questions du journaliste mexicain Jorge Ramos : il l'a viré de sa conférence de presse (lire sur Liberation.fr). Il faut dire que Ramos a souvent dénoncé ses saillies racistes. Ainsi, sur les Mexicains : «Quand le Mexique nous envoie ses gens, il n'envoie pas les meilleurs éléments», a-t-il claironné le 16 juin. Explication : «Ils envoient ceux qui posent problème. Ils apportent avec eux la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs.» Dans la foulée, NBC, Macy's ou Televisa, la télé hispanophone, ont mis fin aux relations commerciales avec Trump. Autre délire du candidat : «Des Noirs qui comptent mon argent ? Je déteste ça. Les seules personnes que je veux voir compter mon argent sont des petits hommes portant la kippa tous les jours.»
STYLE: LE CONNARD LAQUÉ
Donald Trump ferait un candidat idéal pour l’émission Relooking extrême (W9). A 69 ans, le milliardaire massif a toujours l’allure d’un VRP. Il ne sait guère jouer qu’avec la couleur de ses cravates, de préférence flashy : rouge, rose, prune, ou verte. Surtout, Trump a un notoire problème capillaire. Des cheveux jaunasses hyperfins et surlaqués qu’il persiste à conserver plutôt longs, avec une mèche qui, au moindre coup de vent, lui donne l’allure d’un psychopathe. L’ensemble suscite moult comparaisons animalières, voire gastronomiques (sushi au thon…). Las, le port de la casquette floquée du slogan Make America Great Again («redorons le blason de l’Amérique») qui n’améliore pas l’affaire, le rend plouc. A quoi il faut ajouter cette complexion rougeaude, que renforcent les éructations ou un bronzage carotte. Une panoplie tragique complétée par son accessoire favori : une bimbo blonde.
(par Sabrina Champenois)
PERSONNALITÉ: L'EGOTISTE VANTARD
«The Donald» mettait déjà son nom partout – sur ses gratte-ciel, ses golfs. Avec cette campagne, il vit un ego trip quotidien, comme l'a raconté le Financial Times, citant un consultant républicain, Frank Luntz : «Chaque jour, c'est son anniversaire, Noël et le 4 juillet [fête nationale, ndlr] combinés. Il s'éclate comme jamais. Pourquoi arrêterait-il ?» Surtout qu'avec une fortune estimée entre 2,3 et 10 milliards de dollars (bien sûr, la plus haute estimation est la sienne), il a les moyens de se présenter en indépendant, si le Parti républicain ne l'investit pas.
L'égotiste machiste adore aussi se croire irrésistible : «Toutes les femmes dans The Apprentice [son programme de téléréalité] ont flirté avec moi, consciemment ou inconsciemment. Il fallait s'y attendre.» Et il n'hésite pas à mettre en avant sa virilité supposée. A l'avocate d'une transexuelle éliminée d'un concours de miss Univers qui lui disait, en avril 2012, qu'il n'avait pas à montrer ses parties génitales pour prouver à quel sexe il appartenait, il sort : «Je crois que vous seriez très impressionné.» Le mois suivant, le site féministe Jezebel résume l'affaire: «L'ego de Trump est bien plus grand que ce qu'il prétend de sa queue.»
DISCOURS: LE MENTEUR COMPULSIF
Plus c'est gros, mieux ça passe. Trump n'hésite pas, il y a une semaine sur CNN, à assurer qu'il a «reçu l'une des plus grandes médailles attribuées par les marines à un civil»… alors que la récompense vient d'une fondation à qui il a fait un don de 100 000 dollars, et non du corps des marines. Pour mieux défendre le port d'arme, il assure, après la fusillade fin juillet dans un cinéma de Louisiane (trois morts) : «Cela n'a rien à voir avec les armes : ces gens sont des malades, des grands malades.» Bobard, toujours, quand, en 2007, il prétend que les vaccins sont responsables de l'autisme. «Plus d'injections massives, tweete-t-il à nouveau en septembre 2014. Les petits enfants ne sont pas des chevaux.» Un mois plus tôt, il était parti en guerre contre l'accueil sur le sol américain d'un patient atteint d'Ebola : «Laissez ces malades en dehors des Etats-Unis.» Mieux encore : «Les Etats-Unis doivent interdire tout vol des pays infectés, ou l'épidémie se répandra à l'intérieur de "nos" frontières.»
MISOGYNIE: LE BEAUF MULTIRÉCIDIVISTE
C'est un sexiste multirécidiviste, un beauf impérial. Sur Hillary Clinton, il tweete (avant de l'effacer) : «Comment peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari ?» Sur Arianna Huffington, la patronne du Huffington Post : «Elle est laide, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Je comprends tout à fait que son ex-mari l'ait quittée pour un homme : il a pris la bonne décision.» Toujours plus élégant, après un débat entre les candidats à la primaire républicaine, il lâche, à propos de la journaliste de Fox News Megyn Kelly qui lui a rappelé sa propension à traiter des femmes de «grosses truies, de chiennes, de bonnes à rien et d'animaux dégoûtants»: «Je n'ai pas beaucoup de respect pour elle […], on pouvait voir du sang sortir de ses yeux, du sang sortir de son… où que ce soit.» En 2011, à une avocate qui réclamait une pause au cours d'un procès pour tirer son lait maternel en vue d'allaiter sa fille, il avait sorti un : «Vous êtes dégoûtante.»
INSULTES: LE DÉRAPAGE PERMANENT
Trump enquille les insultes, comme sur le républicain John McCain, candidat défait en 2008 par Obama, et cinq ans prisonnier au Vietnam : «Il n'est pas un héros. Il est un héros de guerre parce qu'il a été capturé. J'aime les gens qui n'ont pas été capturés.» Il a excellé dans le genre lors d'un meeting fin juillet. Son adversaire Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud ? «Un poids plume total», «un mendiant», sort-il avant de balancer en direct son numéro de portable. Autre concurrent, Rick Perry, ex-gouverneur du Texas ? «Il met des lunettes pour faire croire qu'il est intelligent, mais ça ne marche pas.» Le magazine Time vient de lancer un générateur d'insultes à la Trump. Le quotidien USA Today a dressé, lui, la liste de ses qualificatifs préférés qui reviennent en boucle : untel est «un zéro», l'autre un «crétin», celui-ci «factice», l'autre «ne fait pas le poids», tous sont «bêtes». En résumé : «des losers.» Il n'y a qu'un «winner», devinez qui ?