Quelque 3 000 migrants campent dans la grande gare de Budapest mais la télévision publique hongroise n'en diffuse pas une image. «Ce qui me choque le plus, c'est la communication du gouvernement, qui fait tout pour déshumaniser ces gens dans le besoin», s'indigne Klara, assistante en marketing de 31 ans venue apporter des jouets. Elle montre sur son portable la photo d'une affiche de propagande gouvernementale, où une suave blonde déclare qu'elle ne veut plus voir de migrants illégaux. «Beaucoup de Hongrois de province n'ont pas Internet et les médias publics sont leur seule source d'information», explique-t-elle.
La clôture de barbelés que le gouvernement populiste de Viktor Orbán a fait poser n'est que l'ultime épisode d'une campagne de haine lancée après l'attentat contre Charlie Hebdo, ciblant «ces étrangers[qui] sont des terroristes et des criminels potentiels». De nombreux Hongrois éprouvent un sentiment de rejet. Même les électeurs de gauche approuvent la clôture. «Nous sommes un pays chrétien, et on veut le rester. On ne veut pas d'une société multiculturelle comme en France», explique Istvan, un quadra. Nonobstant sa propagande, le gouvernement doit gérer l'arrivée quotidienne de 2 000 à 3 000 réfugiés. Orbán s'apprête à faire voter une législation déniant le droit d'asile. Franchir la «frontière verte» sera considéré comme un crime et l'armée y sera déployée et autorisée à tirer avec des balles en caoutchouc.