Menu
Libération

Erdogan accuse les Européens d'avoir fait de la Méditerranée «un cimetière de migrants»

Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan, réagissant aux photos du petit réfugié syrien mort noyé, s'en prend aux Européens et à leur manque de compassion.
Tayyip Erdogan, à Ankara. (Photo Adem Altan. AFP)
publié le 3 septembre 2015 à 16h15

Voilà comment Recep Tayyip Erdogan a réagi à la photo du petit Aylan Kurdi, retrouvé mort noyé mercredi sur une plage de Bodrum, le Saint-Tropez turc : «Le corps d'un petit enfant de trois ans échoue sur nos plages. Est-ce que l'humanité entière ne devra pas rendre des comptes ?» L'homme fort de la Turquie s'exprimait devant un parterre d'hommes d'affaires à la veille d'une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays du G-20 dans la capitale de son pays. «Ce ne sont pas seulement les migrants qui se noient dans la Méditerranée, mais aussi notre humanité», a insisté le chef de l'Etat turc, qui dénonce systématiquement le refus des pays européens d'accueillir plus de réfugiés syriens.

A propos d’humanité, rappelons que la famille du petit Aylan est kurde, originaire de Kobane, dans le canton de Rojava. Cette ville syrienne essentiellement composée de Kurdes, à cheval sur la frontière turque, a lutté pendant six mois (juin 2014-janvier 2015) pour se défaire du siège de l’Etat islamique. Erdogan ne s’était pas alors montré si vertueux ni compatissant à l'époque : son gouvernement refusant en effet d’ouvrir sa frontière pour éviter de laisser des renforts kurdes mais surtout du coup bloquant les flux de vivres et de médicaments aux civils.

Cela écrit, la Turquie d'Erdogan accueille aujourd'hui près de deux millions de réfugiés syriens ayant fui la guerre au nom de la politique dite de la «porte ouverte». «Nous n'avons pas abandonné les gens qui fuyaient les bombes car nous sommes humains», a affirmé Erdogan, dont la force d'âme touchera la minorité kurdophone.