Faut-il dire migrants ou réfugiés ? Les mots ont toujours leur importance. Plus encore lorsqu'ils relèvent non seulement du symbole, mais aussi de questions de droit et de statut, bref d'une organisation politique du monde. Faut-il, donc, distinguer les réfugiés persécutés pour des raisons essentiellement politiques, des migrants économiques ou climatiques, parfois eux aussi menacés de mort ? Oui, dit le juriste. En droit, cette distinction est fondamentale, rappelle Philippe Leclerc, du Haut-Commissariat pour les réfugiés en France. Elle sous-tend l'un des principes les plus généreux sur lesquels les Etats ont pu se mettre d'accord après la Seconde Guerre mondiale : l'obligation d'offrir l'asile aux réfugiés tyrannisés. Mais face à l'anarchie qui règne dans certains pays, cette distinction ne suffit plus, ajoute le démographe. Dans le chaos créé par les guerres, on ne peut plus «compartimenter» les parcours de vie des hommes et des femmes qui s'exilent. Jouer les réfugiés contre les migrants, comme le font certains responsables politiques, est une manière irréaliste et obsolète de parler d'immigration.
INTERVIEW
Philippe Leclerc : «Le statut de réfugié a été trop difficile à créer pour qu'on risque la confusion» Par Sonya Faure
TRIBUNE
Migration économique : la grande peur des bien-pensants Par François Héran, Directeur de recherches à l'Institut national d'études démographiques (Ined)