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Libération

Violences à Jérusalem pour le nouvel an juif

publié le 13 septembre 2015 à 20h36

Chaque année, des échauffourées émaillent les grandes fêtes du judaïsme et de l'islam à Jérusalem, mais celles survenues dimanche quelques heures avant le début de Rosh Hachana, la nouvelle année juive, ont été encore plus violentes. Comme les fois précédentes, elles se sont déroulées sur le Haram al-Charif, l'esplanade du Dôme du Rocher jouxtant le mur des Lamentations, où se rendent de nombreux fidèles. Elles ont duré sept heures, pendant lesquelles des dizaines de jeunes Palestiniens armés de cocktails Molotov et de pipe bombs (petits engins explosifs) ont affronté les unités anti-émeute de la police israélienne, qui ont riposté en tirant des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes. Les violences ont débordé à l'intérieur de la Grande Mosquée lorsque les manifestants s'y sont réfugiés. Fait sans précédent, une bombe artisanale a explosé à l'approche des policiers.

A l’origine de ce regain de tension, l’interdiction, le 8 septembre, par le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon (Likoud), de permettre à des groupes de fidèles musulmans, les Mourabitoun (hommes) et les Mourabitat (femmes), de manifester sur l’esplanade des Mosquées chaque fois que des groupes de juifs s’y rendent. Liés au «Mouvement islamique», la branche arabe israélienne des Frères musulmans, les Mourabitoun («sentinelles») sont persuadés que les juifs veulent s’implanter sur l’esplanade pour y raser le Dôme du Rocher (le troisième lieu saint musulman) et rebâtir le temple de Jérusalem détruit en l’an 70 par les légions du futur empereur romain Titus. Aussi sont-ils dans le collimateur des autorités israéliennes depuis 2011-2012. Selon le Shabak (la Sûreté générale israélienne), ces hommes et femmes qui passent leurs journées aux alentours de la mosquée seraient payés pour effectuer des tours de garde. Chaque matin, ils sont effectivement une cinquantaine à camper devant la porte Dorée, l’une des entrées de la Vieille-Ville qui mène directement à l’esplanade du Dôme du Rocher. Lorsqu’arrive un groupe de juifs portant la kippa, ils se lèvent tous en scandant «Allah est grand». Des insultes et parfois des coups s’ensuivent.

Pour l'heure, l'interdiction prononcée par le ministre Yaalon ne semble pas empêcher les Mourabitoun de poursuivre leur vigie. Ni les jeunes Palestiniens de la ville sainte de manifester lorsqu'ils estiment leurs lieux saints menacés. Après les violences de dimanche, Rafaat Hulayan (Fatah) leur a d'ailleurs demandé de «poursuivre la défense de la mosquée».