Malcolm Turnbull, 60 ans, est l’auteur du putsch qui a fait tomber lundi le Premier ministre australien, le très conservateur Tony Abbott, avant de prendre sa place mardi. Mais qui est-il ?
Un self-made-man
Elevé par son père dès 9 ans, Turnbull, boursier, étudie à la prestigieuse Sydney Grammar School, avant de boucler des études de droit à Oxford. Il devient une des figures du barreau de Sydney, avant de monter une banque d’investissement. Il se lance aussi dans le commerce lucratif du bois, bricole dans la high-tech où il empoche 60 millions de dollars. Puis il devient en 1997 directeur de Goldman Sachs Australia pendant quatre ans. Et entre en politique.
Un multi- millionnaire
Il est à la tête d'une fortune évaluée à plus de 100 millions d'euros, qu'il partage avec sa femme, ex-maire de Sydney. Les travaillistes l'égratignent pour son immense maison face à la baie et son train de vie à des années-lumière des Australiens. «Mais il incarne aussi le rêve de beaucoup de petits bourgeois, dit David Camroux, prof à Sciences-Po.Il a une vision, alors qu'Abbott était un rottweiller qui gouvernait par slogans.»
Un vrai libéral
Sécurité, immigration, énergies renouvelables, mariage pour tous : Turnbull n'a rien du réac Abbott, «trop clivant, une sorte de Sarkozy en plus bête, dit David Camroux. Il incarnait la droite du parti conservateur, quand Turnbull est plutôt sur la gauche. Et puis c'est un très bon orateur, un peu à la Clinton.»
Un tueur «soft»
Il faut se méfier de ses amis qui ne parlent que de fidélité. Turnbull parlait il y a encore peu de «cohésion», de «loyauté», d'«unité». C'est ainsi qu'Abbott, lui aussi catholique, en a fait les frais : leader des monarchistes, il a vu sa tête coupée par un bourreau qui n'a jamais caché son rêve de voir l'Australie devenir une République.
Un climato- passceptique
Fini le changement climatique, une «connerie», dixit Abbott ? Fini les promesses ridicules de baisse de CO2 ? Turnbull a déjà appuyé la mise en place d'un marché carbone et le développement des énergies renouvelables. Mardi, il a assuré qu'il «suivrait la ligne du parti». Mais il «comprend les enjeux du climat, précise Camroux. Sa politique sur le climat et l'énergie va certainement évoluer.»