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Libération
EDITORIAL

Bouger

publié le 16 septembre 2015 à 20h06

Même si Bachar al-Assad finit par tomber un jour, et il faut souhaiter que cela arrive le plus vite possible, sa stratégie se sera montrée payante. Pour l’heure, le boucher de Damas a gagné sur toute la ligne. D’abord, il a créé le péril jihadiste - en laissant sortir de leurs prisons, dès le début de la révolte populaire, tous les extrémistes qui y croupissaient (et accessoirement, rappelons-le, en les laissant sciemment s’emparer de Palmyre). Ensuite il a toujours su qu’il pouvait compter sur l’indéfectible soutien de Vladimir Poutine, a fortiori depuis que celui-ci est en froid avec les Occidentaux. De fait, les Russes voient désormais la Syrie comme un nouveau champ de confrontation Est-Ouest. Les Occidentaux, qui accumulent les erreurs sur ce terrain depuis quatre ans - la plus grosse étant de n’être pas intervenus dès le début du conflit ou au moins au moment de l’emploi de l’arme chimique contre son peuple par Al-Assad - doivent au plus vite mettre au point un plan B qui vise autant l’Etat islamique que Bachar al-Assad. Et cette fois éviter de mollir dans la dernière ligne droite. La priorité, c’est de pousser les pays de la région à s’impliquer davantage, notamment au sol. Ils en ont les moyens, ils sont en première ligne et ne peuvent guère être taxés de mener une guerre de civilisation. La deuxième, c’est de discuter avec le tsar russe. On a beau triturer le sujet dans tous les sens, on ne voit pas comment résoudre ce conflit sans placer Poutine à une table de négociation. Et il faut bouger vite. Pour peu que Jérusalem s’embrase, c’est toute la région qui risque d’imploser.